Les retours de ces 15 derniers jours viennent confirmer les tendances relevées dans les bulletins précédents. Deux points déjà évoqués ressortent clairement : la détresse alimentaire et les réseaux de partage.
La détresse alimentaire reste un point d’orgue avec des situations personnelles difficiles : "L'aide alimentaire est absente à ma connaissance, mais n'ayant ni télé ni journal (je n'en ai pas les moyens...), je ne suis pas forcément au courant de tout. Prélèvements imprévus et élevés de certains organismes : de grosses difficultés financières. On essaie de récolter un maximum de plantes sauvages comestibles, même si elles restent peu nombreuses dans nos environs Pour faire des cakes salés ou des salades avec ce que l'on a pu trouver d'œufs, des restes de farine ou de graines de lin broyées trouvées dans les placards... On achète des plants de tomates des graines, des pots, des fruitiers... Autant que possible lors de promotions où ces plants sont encore abordables (...) Le congélateur nous permettra de tenir autant que faire se peut... Mais être confinés lors d'une saison, où les fruits se font rares voire inexistants au jardin : c'est très dur" (Consommatrice, Bretagne, 4 mai).
Cette détresse semble de plus en plus prégnante : "Nous observons de plus en plus de gens demandeurs d'aide alimentaire que ce soit dans la rue ou dans des squats de fortune dans tout le 93. Beaucoup d'appels également de particuliers en détresse qui nous demandent des colis alimentaires pour tenir la semaine car ces personnes ne travaillent pas en ce moment" (Association Entraides Citoyennes, 29 avril) ; "On a vu des cas extrêmement problématiques, des personnes qui n’avaient pas mangé depuis deux, trois jours, d’autres qui étaient contraintes de faire les poubelles. Il y a vraiment des conditions financières dramatiques, en plus, souvent, d’une détresse psychologique" (Politis, 22-04). Nous notons en tête de la rubrique “comportement dans les foyers” que certains ont atteint ou dépassé leurs limites monétaires et tombent dans une situation dégradée.
Pour y faire face, les associations et les collectivités continuent à se mobiliser. L’aide alimentaire « classique » perdure : "Des distributions alimentaires ont été mises en place sur le campus de Grenoble pour venir en aide aux étudiants précaires pendant le confinement. Un appel aux dons est en cours pour acheter davantage de denrées alimentaires" (article France 3 Auvergne-Rhône-Alpes). De nouveaux modes d’action apparaissent, comme le panier suspendu : "Pour soutenir les foyers les plus démunis et les agriculteurs durant cette épidémie de coronavirus (Covid-19), le Département [de la Gironde] a mis en place les paniers suspendus. L’idée est simple et s’inspire du concept des cafés suspendus. Ainsi, des Girondins et des Girondines utilisant la plateforme de vente directe de produits locaux, Nos producteurs chez vous, peuvent participer à l’achat de paniers suspendus qui seront destinés aux personnes en difficulté" (Chargée de mission Toulouse Métropole, Midi-Pyrénées, 5 mai, aussi sur le lien, 21 avril).
Certaines personnes cherchent de nouvelles sources de revenu, par exemple en changeant de secteur d’activité : "Depuis le début du confinement en mars 2020, ne pouvant pas exercer mon métier de guide touristique, j'ai travaillé dans deux commerces alimentaires différents chez qui j'étais cliente" (Guide touristique, Ile de France, 28 avril).
Parallèlement, les réseaux de partage continuent de se développer. Comme nous l’avions déjà observé, ils peuvent s’appuyer sur des réseaux préexistants ou non ; ils correspondent généralement à des lieux identifiés ; et ils peuvent naître d’une initiative individuelle ou collective :
Entre voisins, collectif préexistant : " J'ai fait connaissance avec des voisin.e.s amapien.ne.s et nous nous répartissons les distributions" (amapienne, 91120, 30 avril) ; « Le jardinet est devenu un lieu de rencontre et de partage, certains habitants participent principalement à l'arrosage, et en profite pour s'oxygéner" (Consommateur, Auvergne, 27 avril).
Dans l’immeuble, collectif né de la crise : "La solidarité au sein de l'immeuble s'est mise en place : récupération de paniers de légumes du producteur pour les habitants de l'immeuble. On partage les bons plans du quartier pour acheter local / bio, faire les courses et partager des "plats maison" pour les voisins qui sont âgés et ne peuvent pas bouger“ (Consommateur, Rhône-Alpes, 22 avril)"
Dans le quartier, collectif préexistant : "Notre Epicerie participative s'est organisée pour continuer à fonctionner et protéger les adhérent.e.s : une personne coud et met à disposition gratuitement des masques lavables pour les adhérent.e.s qui font la permanence d'épicier" (amapienne, Ile de France, 30 avril).
Dans le quartier, collectif né de la crise : "Cette deuxième boutique est gérée par une femme qui a tissé des liens forts avec les autres commerçants du quartier. Elle a fait la promotion de la réouverture du fleuriste et elle a mis en place, grâce au bouche-à-oreille, un service gratuit de dépôt et retrait de paniers de légumes, livrés par des maraichères travaillant habituellement sur le marché, le mardi et le vendredi" (Guide touristique, Ile de France, 28 avril).
Dans la commune, initiative individuelle : "J'ai contacté 2-3 personnes seules de ma commune pour prendre de leurs nouvelles et les dépanner au besoin (alimentation, discussion...). Je continue à travailler, donc n’ai pas beaucoup de temps disponible, mais étant seule en appartement, j'ai voulu bien occuper mes soirées et weekend" (Consommatrice, Rhône-Alpes, 4 mai).
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