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Éclairage Covid-19 | Les professionnels de l'agriculture urbaine face à la crise sanitaire

L'Association Française de l'agriculture urbaine professionnelle a lancé une enquête en ligne auprès de ses 80 adhérents à la mi-avril. Les 32 réponses nous donnent un petit aperçu de la situation à cet instant. Les résultats varient selon les activités développées par les structures, mais on constate une augmentation de l'activité agricole et de la vente en ligne, ainsi que le développement de tutoriels pour accompagner les jardiniers à distance.


 

Synthèse rédigée par Anne-Cécile Daniel, co-fondatrice et coordinatrice de l'AFAUP, l'Association Française de l'Agriculture Urbaine Professionnelle. L’AFAUP est une association à rayonnement national ayant vocation à fédérer les professionnels de l’agriculture urbaine et faciliter les liens avec les autres acteurs de la ville, le monde agricole et le grand public.


Ce texte n'engage que son auteur et pas l'ensemble du collectif qui rédige les bulletins.

 

Les répondants




Les pertes évaluées par les répondants pour la période du 16 mars au 26 avril

  • 13 répondants évaluent une perte de CA entre 0 et 10 000 €.

  • 13 répondants évaluent une perte de CA entre 10 000 et 30 000 €

  • 5 répondants évaluent une perte de CA de plus de 30 000 €.

-> On retrouve des producteurs, animateurs, concepteurs dans ces 3 catégories de réponse.


Sur une échelle de 1 à 10 comment évaluez-vous le danger pour votre trésorerie?

(1 : je peux vite mettre la clé sous la porte ; 10 : aucun préjudice)


D'après les réponses qualitatives associées à cette question, les professionnels de l'agriculture urbaine se retrouvent plutôt dans une situation fragilisante ou qui pourrait le devenir si la crise persiste l'été. Ceux qui s'en sortent le mieux, sont les structures déjà bien implantées qui commercialisent leurs récoltes, ainsi que quelques bureaux d'études qui poursuivent leurs activités en télétravail. Les personnes en cours d'installation sont également peu impactés, mais risque de l'être si les chantiers prennent trop de retard. Les structures les plus en difficultés sont celles qui ont dû stopper leurs activités, et surtout celles qui animent de nombreux ateliers et événements lors des périodes printanière et estivale.


Vos sites sont-ils encore accessibles?

(26 réponses sur 32)

Les répondants ayant indiqué que l'outil de production était à l'arrêt sont en difficulté. Ils représentent presque un quart des répondants.


Avez-vous mis en place de nouveaux circuits de distribution ? lesquels ? fonctionnent-ils bien ?


3 grands circuits ont été mentionnés :

  • Les épiceries (souvent solidaires)

  • La Ruche qui dit Oui / vente en ligne /commande par email -> avec livraison

  • Les paniers à venir chercher sur place (en remplacement parfois de la cueillette)


Avez-vous été contraints d'annuler ou de reporter un ou plusieurs événements ?


Quelles solutions avez-vous mis en place pour vos salariés :

Nous pouvons retenir qu'aucune structure n'est complètement à l'arrêt. Pour la majorité, on retrouve la mise en place du "chômage partiel" et du "télétravail".


Pour les producteurs, des effectifs réduits sont sur place avec la mise en place de mesures de sécurité sanitaire.


Ceux qui n'ont pas de salariés sont en télétravail.


Les mesures proposées par le gouvernement seront-elles suffisantes pour votre structure ? (chômage partiel, report des charges, crédit bancaire etc.)


  • certains ont de la trésorerie, ça les rassure (2)

  • certains espèrent que les mesures proposées vont vraiment être mises en place ... nombreuses craintes exposées (14)

  • certains ne sont pas concernés par ces mesures et craignent la suite (notamment les jeunes structures) (7)

  • pour une structure, la crise lui a permis de recruter de nouveaux salariés pour faire face à une augmentation de la demande (1)

  • ne savent pas (8)


Inquiétudes pour :

  • les chantiers d'insertion professionnels

  • les levées de fond qui devaient avoir lieux

  • les reports des projets (notamment avec les reports des élections)

  • la durée du confinement


Dans ce contexte, que peut selon vous faire l'AFAUP ?


Autres idées :


  • Communiquer sur la pertinence de l'AU dans cette répétition générale de crise majeure

  • Communiquer x 10000 sur l'importance de l'AU

  • Faire du lobying auprès des collectivités et des acteurs économiques pour trouver des solutions pour soutenir les acteurs de l'Agriculture Urbaine après le confinement. (lancement d'appels à projets, subventions etc...)

  • Encourager la recherche de foncier pour installer des projets d'agriculture urbaine

  • Intervenir auprès des élus locaux, plus de nouvel des élus depuis le 1er tour des élections

  • Ecrire un plaidoyer pour la souveraineté alimentaire

  • Recenser les débouchés de proximité possibles en termes de vente de légumes.

  • Indiquer aux consommateurs qui sont les agriculteurs urbains près de chez eux et comment les soutenir (achat de produits, messages d'encouragement, apport de main d'oeuvre, don financier)

  • Booster les initiatives d'installation en incitant les porteurs de projet à se former aux métiers de l'aquaponie et de l'hydroponie écologique ! :o)


Pouvez-vous décrire une ou plusieurs de vos actions montrant les impacts positifs de l'agriculture urbaine face à la crise ? Arrivez-vous à lister ce que la situation peut avoir de positif pour votre structure ?


Les mots les plus cités : PRISE DE CONSCIENCE et RESILIENCE et LOCAL


Pour les professionnels

  • Augmentation de l'approvisionnement en circuit-court, de manière très agile... puisque les restaurants ont fermés et le commerce mondial est en stand-by

  • Portage plus important des thématiques autour de l'alimentation locale à travers des actions très concrètes

  • Prise de conscience de la vulnérabilité de notre système alimentaire / non résilience alimentaire

  • Investissements dans des infrastructures liées a la mise en place d'activités agricoles mutualisées sur leur territoire (bergerie, centrale de lavage, conserverie, frigos, stockage, centrale de tri, fromagerie,..)

  • Augmentation du CA avec la vente aux particuliers

  • Certaines épiceries cherchent de nouveaux fournisseurs en légumes pour faire face à la demande, gain de temps pour réfléchir au fonctionnement de fond de notre structure.


Pour les particuliers

  • Motivation pour l'auto-production chez les particuliers : ils veulent jardiner !

  • Cultiver = réduire le stress - besoin de se reconnecter à la nature

  • Le jardin représente pour beaucoup un échappatoire, un vrai bol d'air qui doit impacter positivement l'ambiance dans l'appartement et donc dans l'immeuble

  • Développement des tutos pour transmettre les savoirs auprès des particuliers

  • Renforce les liens dans un quartier. Clef pour la résilience urbaine en cas de choc comme actuellement.

  • Énorme prise de conscience de l'importance du retour aux sources, aux valeurs terriennes, à la Nature. J'espère que les gens vont réaliser à quel point la vie "civilisée", "moderne", est fragile et qu'en cas de vraie crise, on doit revenir aux basiques : manger !

  • Mise en place d'un blog par une Régie de quartier pour proposer des animations via internet à défaut de pouvoir mettre en place les animations sur le terrain.

  • Solidarité


Pour les salariés

  • La crise est un bon test pour mesurer nos capacités de télétravail et souder l'équipe.

  • Entraide entre équipes

  • Penser l'après crise est un chantier colossal, cela arrive plus vite que prévu et trop tôt (on manque d'expérience), mais c'est le moment ou jamais : si des milliards sont investis pour repartir sur l'ancien modèle, ce sera perdu.

  • Notre visibilité auprès de la population générale est accrue par notre offre de "bouquets solidaires" (en soutien à court-terme à notre projet de production en insertion)


Conclusion


Les professionnels de l'agriculture urbaine restent positifs, ils se portent plutôt bien, même si leurs activités restent très perturbées. Ils sauront répondre à de nombreux besoins, si et seulement si, ils ne jouent pas le rôle de variable d'ajustement dans les mois qui viennent. Plus que jamais, l'agriculture urbaine peut devenir un des maillons pour penser la résilience alimentaire des territoires.


 

 

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