Le Groupe Logistique du RMT Alimentation Locale lance un cycle d'ateliers pour les collectivités et les territoires de projets.
Le premier atelier a été réalisé, le 17 novembre 2022, avec pour objectif de partager les expériences des participant·e·s sur la logistique des circuits courts ou de proximité, auto-alimenter leurs réflexions et tenter de les formaliser et capitaliser des retours d’expériences.
L’atelier a été organisé de la manière suivante : compte-rendu des résultats de l’enquête en ligne auprès des collectivités sur leur engagement dans la logistique des CACP, témoignage de trois collectivités et échanges en sous-groupes sur les trajectoires d’engagement / implication des collectivités sur ce sujet.
Témoignages des collectivités
Une vidéo présente les témoignages de trois collectivités :
- Département de la Côte d’Or | Fiche de synthèse
- Communauté d’agglomération Arlysere | Fiche de synthèse
- Communauté de communes du Bassin d’Aubenas et du Val de Ligne | Fiche de synthèse
Compte-rendu des échanges en sous-groupes
Ce compte rendu résume les apports des échanges dans les trois sous-groupes qui réunissaient - outre un animateur du Groupe Transversal Logistique – des chargés de missions de territoires ayant engagé des actions sur la logistique des circuits de proximité ou souhaitant le faire. Il était proposé aux participants de s’exprimer sur trois dimensions : les étapes pour s’engager sur la question logistique, les acteurs à mobiliser pour le faire, et les échelles auxquelles déployer la réflexion et les actions. Compte-tenu du temps imparti, ce sont surtout les dimensions étapes et acteurs qui ont été abordées.
1. Les étapes
Il n’y a pas de trajectoire type du fait des spécificités de chaque territoire et des évolutions de besoins qui peuvent être identifiées au fil du temps. On retrouve néanmoins quelques grands jalons qui semblent incontournables pour dessiner une stratégie logistique et s’y engager.
De premiers échanges en interne entre services et avec les élus
L’idée n’est pas tant à ce stade de dessiner la politique alimentaire et la stratégie logistique que de commencer à repérer les parties prenantes en interne et externe.
Par exemple :
Faire un point sur tout ce qui est ou peut être financé par la collectivité en lien avec l’alimentation,
Recenser l’ensemble des dispositifs dans lesquels la collectivité est partie prenante, en lien avec ce sujet,
Pour les politiques portées par les Conseils de Départements : lister ce qui se fait dans les territoires de son périmètre d’action.
L’enjeu clé de ces premiers échanges est de commencer à réfléchir sur la manière dont le technique et le politique vont pouvoir avancer de concert sur le sujet. Il va falloir à un moment que la collectivité se positionne clairement, opère des choix sans trop attendre, au fur et à mesure que la connaissance des problématiques et des solutions possibles évolue, et il est important de penser ça dès le départ.
Cette première étape permet :
D’éclaircir le positionnement de la collectivité par rapport aux acteurs privés,
D’éclaircir son positionnement par rapport aux démarches des autres EPCI (le cas échéant)
D’engager une réflexion sur les besoins, afin de garantir une pérennité des solutions logistiques qu’elle veut promouvoir
D’éviter la dilution de la prise de décision, entre politique et bureau d’études par exemple
De poser les jalons politiques et d’avancer de concert entre le technique et le politique
Se servir de la politique alimentaire pour élaborer sa stratégie logistique
Les réflexions des territoires sur la logistique sont étroitement liées à l’émergence de la politique alimentaire, qui se traduit le plus souvent par le PAT. La mise en œuvre d’un PAT peut permettre de légitimer l’implication de la collectivité sur la question logistique, voire d’assurer le financement de ses actions.
Ce sont les échanges, ateliers de travail et diagnostics réalisés en préambule ou au début du PAT qui font remonter la question. Mais cela peut n’émerger qu’une fois les actions du PAT engagées.
Le PAT est intéressant pour mettre les acteurs autour de la table et essayer de fédérer et d’articuler les échelles d’actions. Il permet d’engager des actions moins ponctuelles, plus structurantes et transversales, sur la logistique tout comme sur d’autres questions.
Constitution de connaissances
Cet aspect est unanimement considéré comme indispensable et renvoie dans un premier temps à la constitution de connaissances quant au système alimentaire du territoire en général, dans lequel on intègre un volet plus ou moins étoffé sur la logistique. Cela se fait en général lors de la préfiguration ou la structuration d’un PAT.
Ainsi, les territoires commencent généralement par des diagnostics offre agricole / demande alimentaire, pouvant intégrer des enquêtes auprès d’acteurs, par exemple agriculteurs pour intégrer leurs besoins / problématiques, notamment logistiques. Ils peuvent aussi servir à repérer les acteurs de l’agriculture, de l’alimentation, de la logistique, ce qui se fait en matière de circuits de proximité et sur leur logistique dans le territoire. Les diagnostics peuvent être plus ou moins fouillés. Cela permet d’identifier des problématiques, des ressources potentielles pour y répondre et d’éventuelles pistes de travail.
Les collectivités peuvent alors, si elles le jugent pertinent, pousser plus loin la réflexion sur la logistique notamment en engageant une étude / un diagnostic logistique plus poussé.
Le premier point de vigilance est celui des contours et objectifs de ce type de diagnostic (et des diagnostics en général). Nombre d’acteurs soulignent le risque qu’il y a à accumuler des études sans véritablement en exploiter les résultats et enseignements, ni arriver à dégager les actions prioritaires. Dit autrement, on peut se noyer dans la production de connaissances – elle n’apporte pas de réponse si on n’a pas bien formulé la question. Pour ce faire plusieurs points sont à prendre en compte :
Définir les objectifs : quelles attentes des acteurs du territoire ? Il s’agit donc d’abord de décider de ce que les acteurs du territoire souhaitent faire (à partir) de cette étude. Définir si l’on souhaite viser l’exhaustivité des connaissances (sur les flux, sur les acteurs du territoire et/ou le développement d’une ou plusieurs solutions opérationnelles, dans le cadre d’une expérimentation à mener par exemple). Ceci permet de clarifier le contenu du cahier des charges.
L’une des difficultés à ce stade est de définir les contours de la logistique. Ceci implique d’abord de définir et sensibiliser sur ce qu’est la logistique. Selon les participants à l’atelier, elle concerne un ensemble de flux, de tâches et d’acteurs intervenant de la prise de commande à la livraison (l’acte de prospection, planification de commandes, autant que l’acte de livraison). Il a été mentionné l’importance de prendre en compte la logistique inverse dès le départ, sans que cela soit cependant fréquent dans les discours. Quant à la notion de flux, elle renvoie aux flux de marchandises, les flux d’information et financiers[1] semblant peu, voire pas pris en compte.
L’un des enjeux de ce type de diagnostic est de repérer les opérateurs / acteurs de la logistique, au-delà des producteurs et distributeurs. Sur ce point les participants soulignent la difficulté à repérer les acteurs du territoire, à identifier de potentiels prestataires/intermédiaires logistiques. En découle un besoin de définition affinée des compétences logistiques acquises ou potentielles de ces acteurs et de ce qu’est un opérateur de la logistique. L’un des enjeux est d’identifier des acteurs ou groupes d’acteurs potentiellement moteurs pour des actions / expérimentations. Dans le but d’estimer les coopérations existantes - estimées comme clé pour trouver une solution aux problématiques logistiques - les collectivités doivent pouvoir identifier les coopérations déjà existantes, via le recensement des collectifs locaux, dont ceux dits « moteurs » et le recensement d’outils de mise en relation existants sur le territoire.
Outre la mise en lumière des problématiques logistiques rencontrées par les différents acteurs, ces études ont aussi pour but d’avoir un ordre d’idée des flux. Il est cependant souligné que les méthodologies d’identification / quantification des flux sont actuellement diverses et plutôt expérimentales. Cela conduit certains territoires à être réticents quant à l’analyse de flux, jugée également coûteuse. Cependant, comme le souligne un des territoires de l’atelier qui a réalisé une cartographie exhaustive de flux pour son PAT, même si ce n’est pas forcément utilisé, cela permet de confirmer des intuitions et donc légitimer des orientations.
La collecte de retours d’expériences, notamment dans d’autres territoires, directement ou non intégrée au diagnostic, est aussi un élément important pour guider les territoires dans leur stratégie logistique :
des retours d’expériences sur des expérimentations en projet, en cours, en échec
des retours d’expériences dans des territoires ruraux qui sont soumis à des contraintes jugées similaires : dispersion des agriculteurs et des consommateurs, comme des produits de qualité, ou incluant des marques et labels, etc.
Cela peut permettre de préciser les questions les plus importantes et qu’il faut résoudre en priorité. Par exemple : comment massifier ? Avec combien de points de massification (un ou plusieurs) ?
Nombre de participants à l’atelier soulignent le besoin d’accompagnement pour ces études afin notamment de poser les bonnes questions, adaptées aux spécificités du territoire et définir les limites du travail et le contenu du cahier des charges. D’autres soulignent l’enjeu d’éviter d’accumuler les études pour ne pas avoir de phénomène de lassitude des acteurs, surtout s’ils ont le sentiment que rien ne se passe sur le terrain. Un point de vigilance est également soulevé quant à l’engagement rapide sur des études de faisabilité d’outils.
Par exemple, un territoire qui a choisi de partir directement sur l’idée d’une étude ciblée sur la mise en place d’une plateforme, mais qui, suite à plusieurs entretiens, s’aperçoit que ce n’était pas pertinent. Donc, une vigilance est à avoir sur l’engagement très rapide sur des études de faisabilité d’outils.
Prioriser les actions à mener
On peut avoir une politique ambitieuse, allant jusqu’à la création d’un schéma logistique mais à condition de mêler ça avec des actions de plus court terme. Prioriser les actions permet de décider les 1, 2 ou 3 opérations à mettre en œuvre rapidement sur l’année.
Par exemple : On peut coupler des actions sur l’interconnaissance offre / demande (court terme), à des projets de mutualisation entre producteurs (moyen terme), jusqu’à la prise en compte des enjeux logistiques dans l’aménagement du territoire dans un schéma logistique (long terme). Mêler l’action très concrète et le stratégique est considéré comme pertinent.
L’entrée par la restauration collective est souvent privilégiée. Nombre de participants la considèrent comme un bon point d’entrée pour aborder l’approvisionnement de leur territoire en produits locaux. Les participants estiment en effet qu’ils disposent, pour ce débouché, de leviers plus nombreux, en tant que donneurs d’ordre : notamment des possibilités de connaissances sur les flux et les volumes qui rendent plus faciles le lancement d’actions. Il est cependant souligné que c’est un domaine pour lequel les problématiques logistiques ne sont pas forcément les plus simples à résoudre.
Expérimenter
Cela peut arriver assez vite dans le processus mais avec des risques de dysfonctionnement si l’expérimentation est enclenchée trop vite et sans connaitre les besoins et problématiques du territoire.
Par exemple : Un territoire s’est engagé rapidement sur une expérimentation. Il s’est rendu compte de la complexité du sujet, du manque de connaissances et a réorienté ses actions sur un diagnostic.
Une expérimentation réussie peut faire boule de neige, comme dans le territoire d’Arlysère. Mais l’idée est assez communément admise qu’une connaissance de la situation préalable à l’expérimentation est nécessaire.
Valoriser l’existant est également communément admis comme une solution pertinente :
favoriser les ressources et acteurs déjà mobilisables, et se concentrer sur la coordination de ces ressources et ces acteurs
mais aussi envisager des expérimentations qui répondent à des manques identifiés sur le territoire et pour lesquels il n’y a pas forcément d’acteur / action déjà engagé.
Un des territoires souligne cependant que pour qu’une expérimentation fonctionne, encore faut-il avoir sur le territoire un groupe d’agriculteurs ou autres acteurs moteurs souhaitant s’engager.
Un autre point de vigilance concerne le primat des solutions collectives. En effet, l’un des objectifs des diagnostics est de mettre en lumière ce qui - entre solutions individuelles ou collectives - semble le plus adapté. Or, nombre de territoires lancent des solutions collectives de type plateformes, qui peuvent peiner ou connaitre un échec car elles ne reposent pas sur un besoin suffisant en termes de volumes, ou ne reposent pas sur des coordinations existantes ou simples à construire. Or, la structuration de coopérations entre acteurs semble être un prérequis au développement de ce type d’outils.
Par exemple : Un des participants fait une partition entre plateformes « politiques », et plateformes « économiques ». Les premières renvoyant à une dynamique top-down avec des acteurs ne se connaissant pas au départ – notamment les agriculteurs – et donc pas nécessairement prêts à s’investir, créant un déséquilibre dans l’investissement des parties prenantes entre acteurs publics et privés. Les secondes renvoient à des outils portés en partie par des acteurs économiques, qui ont déjà des activités autour de différents segments de la logistique des circuits de proximité et qui se groupent (en incluant éventuellement des acteurs publics) pour créer un outil.
2. Les acteurs
Les acteurs impliqués dans ces démarches sont potentiellement nombreux et différents en fonction des territoires, bien que l’on retrouve de grandes catégories récurrentes. Il est ressorti des échanges que poser la question des acteurs renvoie à deux sous questions clés : comment faire collectif, c’est-à-dire comment faire travailler ensemble des acteurs divers ? Sur qui s’appuyer pour le faire et comment ?
Ceux qui font remonter la question logistique
Les besoins logistiques remontent souvent des producteurs (qui peuvent approvisionner le commerce de détail, comme la restauration privée ou collective), notamment via les groupes de travail et diagnostics de PAT. Mais d’autres acteurs peuvent faire remonter les besoins, en particulier la restauration scolaire ou les restaurateurs privés pour les territoires présents dans l’atelier.
La collectivité et son positionnement
Plusieurs participants ont fait remonter leurs interrogations quant à leur légitimité à agir sur ces sujets et sur la clarification de leur positionnement par rapport aux autres acteurs, notamment économiques. Ces interrogations sont de plusieurs ordres :
Quelle place de la collectivité sur la question du changement d’échelle de la vente de produits locaux ? Quelle légitimité de la collectivité à intervenir sur des échanges de nature commerciale ? Sur ce point, les interrogations viennent aussi bien des élus que des techniciens.
Comment garantir le respect des règles de concurrence dans le cadre des marchés publics tout en favorisant la coordination d’acteurs d’une filière locale pour l’approvisionnement de la restauration collective ? La restauration collective reste une entrée privilégiée pour les collectivités car elles s’y sentent légitimes. Néanmoins certaines d’entre elles se posent la question du poids de leur intervention.
Si les collectivités se sentent légitimes sur la restauration collective, des questions se posent sur l’intérêt de cibler leur action sur ce débouché unique. D’abord parce que, comme le soulignent des participants, ce n’est pas le sujet le plus simple à aborder, puis parce qu’il est souligné l’intérêt de ne pas se focaliser uniquement sur la restauration collective, notamment pour garantir la pluralité et articulation des débouchés des agriculteurs.
Certaines collectivités se posent aussi la question de savoir si améliorer les connaissances sur la logistique fait partie des objectifs d’un PAT, ce qui semble aller de soi pour nombre de territoires.
Les collectivités se posent en acteurs clés de l’animation avec l’idée que pour faire émerger un projet collectif, des temps d’animation sont nécessaires. Ils permettent de mettre en relation les acteurs du territoire concernés par l’alimentation. L’animation est perçue comme un élément clé.
Il est souligné que, pour mettre en œuvre des solutions logistiques, le but de l’animation ne pas se réduire à favoriser l’interconnaissance, il faut aller plus loin : permettre la connaissance des contraintes respectives des acteurs pour engager le dialogue et les actions entre eux. Il y a un besoin de conciliation des attentes logistiques des acteurs du territoire (élus, chefs de projet, techniciens, agriculteurs, etc.) qui n’est pas toujours évident du fait de partitions parfois difficiles à dépasser (par exemple entre bio et non-bio).
Avec qui, sur qui s’appuyer pour réaliser les diagnostics et études ?
Un thème fort et récurrent de discussion a été celui de la réalisation des études et diagnostics, et des acteurs sur lesquels s’appuyer pour les réaliser, qu’il s’agisse de diagnostics plus larges avec un volet logistique plus ou moins poussé, d’études de faisabilité, d’études d’opérationnalité / opérationnalisation (pour un outil / une solution en particulier) ou de scénarios d’optimisation logistique.
Il a été souligné que plusieurs types d’acteurs peuvent intervenir.
Les bureaux d’études
Les institutions professionnelles, qu’elles soient agricoles (Chambre d’Agriculture, les Groupements d’agriculteurs - agricultrices Bio (GAB) ou commerciales (CCI, CMA)
Les institutions de recherche ou équivalentes : Écoles d’agronomie, universités, centre de recherche ou d’expertise
Une question est également posée sur le rôle des start-ups qui sollicitent les collectivités : quelle pertinence (cartographie de flux) ? Quelle fiabilité (notamment en matière de protection des données) ?
Penser que les collectifs d’agriculteurs sont aussi des sources de données potentielles, par exemple les associations d’agriculteurs qui cherchent déjà à optimiser la logistique.
La pertinence de certains bureaux d’études et le rapport coût / qualité de prestations pour la phase de diagnostic général ont été discutés, avec semble-t-il des prestations de qualité inégale et qui pourraient être réalisées par des techniciens ou la Chambre d’agriculture (ce fut le cas pour un des territoires) pour un coût moindre, même si cela demande du temps que les techniciens n’ont généralement pas.
L’accompagnement cité ne concerne pas toujours la production de connaissances en elle-même mais aussi le fait d’être accompagné pour poser les bonnes questions. Si les études ne permettent pas d’affiner la stratégie de la collectivité, alors il n’est pas nécessaire de les poursuivre, mieux vaut être accompagné sur la stratégie. Sur ce point, il est mentionné le fait qu’il revient bien à la collectivité (techniciens et élus) de prendre des décisions sur la stratégie à adopter et non au bureau d’étude.
Par exemple : témoignage de l’un des territoires (un département) qui, suite à des problèmes sur une importante étude commanditée, a décidé d’arrêter le processus et a repris en interne les données avec trois services (financier, alimentation, restauration) pour voir comment mettre en place un schéma logistique.
Avec qui mener des actions ?
Les acteurs déjà présents, menant ou pouvant mener des actions (de préférence assez rapidement) et travailler sur des outils de mise en relation des acteurs locaux existants, sont identifiés comme ceux sur lesquels il faut s’appuyer pour mettre en œuvre des actions sur la logistique. Néanmoins, un des territoires souligne que s’il y a des manques identifiés en particulier sur la logistique, c’est que les acteurs en présence, y compris ceux « alternatifs » / des circuits de proximité, ne sont pas : soit en capacité de répondre aux besoins, soit prêts à collaborer. Dans ce cas, un recours à des acteurs externes peut s’envisager, tout en risquant que tout nouvel opérateur ou un nouvel outil soit perçu comme une menace par les acteurs déjà présents.
Plusieurs types d’acteurs ont été identifiés comme pouvant potentiellement apporter des ressources pour les actions sur la logistique :
Acteurs publics :
- EPCI / intercommunalités : pour l’analyse du besoin, puis pouvoir les impliquer ensuite dans les expérimentations
- Département : comme pilote pour fédérer les EPCI. Comme financeur aussi : espace de stockage, logiciel, véhicules à énergies renouvelables
- Chercheurs, groupes d’étudiants : produire de la connaissance, bien identifier la problématique, fournir des cadres de compréhension et de comparaison
Acteurs privés :
- Logisticiens : prestataires logistiques, plateformes, acteurs de la transformation, transporteurs (froid notamment)
- Cabinet d’études : production d’informations, formation, animation de nature technique
- Acteurs de la formation : atelier d’information et de formation pour les agriculteurs
Il est important de choisir qui coordonne. Et au-delà de l’animation (qui peut être faite par la collectivité), il est également important de choisir un acteur qui accompagne, ce qui soulève des questions : qui, combien de temps, comment ?
3. Échelles et types de territoires
Des différences d’enjeux et donc de stratégie logistique se manifestent selon le type de territoire.
Par exemple : Un des acteurs souligne que, sur son territoire urbain, se pose a priori plus la question du dernier km, de la circulation et de l’accès aux points de vente, que celle de l’organisation de la production (1er km) qui semble, elle, surtout prégnante à une échelle plus large (par exemple département) ou dans les espaces ruraux. Il y a également des différences de problématiques entre espaces de montagne et de plaine.
L’articulation département / territoires infra
Compte-tenu du développement des PAT départementaux, les départements sont de plus en plus positionnés sur les CACP et leur logistique. La question de l’articulation entre cet échelon et les échelons infra est donc apparue comme importante, tant du côté des intercommunalités que des Conseils Départementaux.
Les Départements sont unanimement reconnus comme des acteurs pertinents pour le développement d’outils tels que les plateformes, qui a une échelle plus restreinte, ont du mal à trouver un équilibre financier faute de volumes suffisants. C’est une échelle qui, plus largement, peut permettre d’expérimenter des solutions de mutualisation mais avec la difficulté de concilier à cette échelle une plus grande variété de collectifs et de productions. Ainsi, les politiques départementales sont vues comme complémentaires de politiques infra et non comme de possibles substituts.
Des réseaux inter-PAT incluant ou non des Départements sont aussi potentiellement des échelles de réflexion ou de mise en œuvre d’actions pertinentes.
Les Départements, quant à eux, s’interrogent sur :
l’échelle à laquelle mettre en place la stratégie logistique : bassin de vie, communauté de communes, département ?
la gouvernance du PAT départemental et de la stratégie logistique. Pour l’un d’entre eux, la réflexion sur une plateforme est portée par tous les territoires parties prenantes et n’apparait donc pas juste comme un outil du Département. Ainsi, les options possibles pour un Conseil départemental sont : soit créer son propre PAT et le gérer selon ses priorités, soit intégrer les collectivités infra au copil et ainsi co-définir les orientations et actions. Cette dernière option permet d’assurer la complémentarité des actions du département avec celles des PAT des échelles infra.
la possibilité de faire émerger un positionnement politique commun avec des territoires infra qui ont des stratégies alimentaires hétérogènes.
[1] Pour la définition de la logistique et de son périmètre voir https://www.rmt-alimentation-locale.org/_files/ugd/f461ab_0fcf15e5fbdb461ea7ddaf63dc25f569.pdf
Pour citer ce document : Raton G., Gonçalves A., Raimbert C., Wallet F. (2023) Logistique des circuits alimentaires courts de proximité : état des lieux, nouveaux enjeux et pistes d’évolution. Rapport pour le RMT Alimentation Locale, 69 p.
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