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Bulletin de partage 4 - Locale, collective ou issue du jardin : des tendances qui s'affirment

Approvisionnement en circuits courts, organisation entre voisins, mise en place d’un potager : trois tendances fortes de la période de confinement, que cette dernière quinzaine vient confirmer. Les initiatives mises en place entraînent des consommateurs vers de nouveaux modes de consommation.


 

Cette nouvelle quinzaine de confinement a conforté les tendances déjà identifiées en matière d’approvisionnement.


Les consommateurs qui consommaient déjà des produits locaux et achetaient en circuits courts restent convaincus d’avoir fait le bon choix : “Nous étions conscients avant la crise de l'importance d'une consommation responsable, ce sentiment est vraiment renforcé depuis le début du confinement et il perdurera par la suite.” (consommatrice de la banlieue parisienne, 21 avril). “Augmentation de la part locale (qui était déjà très importante) dans un esprit de solidarité avec les producteurs impactés (consommateur, 29 avril, Dpt 62, campagne).


Certains en profitent même pour aller plus loin dans leur démarche d’achat de produits locaux, en allant davantage faire leurs courses à pied ou en vélo - aussi parce qu’il y a le temps ou pour la promenade - ou bien en étendant la gamme de produits : “nous avons découvert le "papier toilette de Normandie" au magasin bio : l'occasion d'effectuer un transfert d'achat de l'économie centralisée à l'économie circulaire régionale qu'on va certainement pérenniser.” (consommatrice de Normandie, 3 mai).


La fermeture des marchés ou bien leur réouverture seulement partielle, ainsi que les files d’attente devant les magasins bio ont toutefois réduit la possibilité de certains de continuer à s’approvisionner en bio et/ou local dans des conditions satisfaisantes pour eux : “Les nouvelles conditions de circulation et d'accès au marché sont tellement restrictives que j'éprouve de la réticence à l'idée de m'y rendre” (consommatrice, banlieue parisienne, 9 mai); “Je mange bio en majorité. La suppression du marché m'a contrainte à acheter certains légumes en supermarché ou à m'en priver. J'ai profité de la première livraison de paniers [proposée par un intermédiaire] que j'ai trouvée, mais les producteurs n'étaient pas tout à fait locaux et les prix étaient plus élevés qu'auprès de mes producteurs sur le marché. Localement, dans un premier temps, mes producteurs habituels ou bien n'avaient rien mis en place – la communication est toujours médiocre d'ailleurs –, ou bien je n'avais pas leurs coordonnées (et j'ignore leur nom) ; d'autres, en cette période d'entre-deux saisonnier, n'avaient plus rien pour une nouvelle clientèle, réservant, cela se comprend, leurs produits pour les habitués.” (consommatrice, Côtes d’Armor, 3 mai).


Ces nouvelles conditions peuvent aussi avoir des effets inattendus et intéressants : “J'ai d'abord continué à aller au marché lorsqu'il a pu être remis en place. Malheureusement, les mesures sanitaires indispensables rendent l'expérience longue et sans la possibilité habituelle d'en faire un moment de partage social. Je me suis donc rabattue sur les magasins de producteurs pour les produits frais et sur les épiceries bio pour le reste. Ces dernières pratiquant tout de même des prix élevés, je fais dorénavant beaucoup plus attention à utiliser l'intégralité de mes légumes (notamment les fanes et épluchures) ainsi que plus de conserves afin de réduire mes dépenses. Je constate que je produis moins de déchets depuis le début du confinement” (consommatrice de la Drôme, 4 mai).


Parallèlement, des consommateurs qui ne consommaient pas ou peu de cette façon et qui s’y sont mis - y compris de manière résignée mais parce que l’achat de produits frais y devenait selon eux plus simple ou plus sûr - continuent d’en percevoir l’intérêt. On ne note pas de “retour en arrière” pendant cette période et les quelques projections déclarées n’annoncent pas non plus l’envie forte de revenir à la situation d’avant la crise, même si certains se demandent si les nouvelles formules proposées perdureront. Beaucoup, en effet, apprécient la livraison à domicile mais aussi le regroupement entre voisins pour faire ses courses et échanger les bons plans en matière d’offre de produits locaux : “Via des réseaux de voisinage et personnels, nous sommes entrés dans deux circuits d'approvisionnement : un groupement de producteurs (fruits & légumes, lait, fromage, pâte fraiche) ; des maraîchers qui occupaient une place sur le marché et qui ont organisé eux-mêmes avec l'aide d'amis-bénévoles, un catalogue en ligne et des points de livraison - très pratiques car très proches de chez nous” (consommatrice, Montpellier, 29 avril). L’intérêt pour la livraison à domicile profite plus largement aux commerces de proximité qui arrivent à mettre en place ce service, lequel, toutefois, peut être difficile à gérer et s’avère fatiguant.


Une autre tendance forte que vient conforter cette nouvelle quinzaine de confinement, en effet, est celle de l’organisation entre voisins ou amis pour faire ses courses, en mutualisant les achats et les déplacements. Ces façons de faire étaient parfois pratiquées ponctuellement mais la crise les a développées et amène ainsi des personnes à consommer différemment: “Ceci [le regroupement entre 3 voisines pour l’achat de denrées] se produit ponctuellement d’habitude, mais plus régulièrement maintenant. Mais une idée de mutualisation de matériel et de transports... avait déjà émise avant l’épisode Covid 19, qui d'une certaine manière, concrétise à petite échelle qq chose qui n'avait pas encore été mis en place. Pour une des trois participantes, approvisionnement auprès de producteurs locaux était déjà une préoccupation importante [...]. Pour les 2 autres, le recours à des achats auprès de producteurs s'est amplifié.” (consommatrice du Tarn, milieu rural, 28 avril).


Ces mutualisations bénéficient en effet souvent à des producteurs locaux, avec des consommateurs qui s’impliquent parfois beaucoup en ce sens : “j'ai mis en place dans mon quartier une livraison hebdomadaire de légumes en provenance d'un maraîcher pour environ 11 familles; J'ai récolté les commandes, les ai transmises au maraîcher, récolté les chèques, aidé le livreur dans la livraison” (consommatrice, Alsace, 3 mai). ”J'ai organisé une commande et livraison de paniers pour mes voisins. Nous avons commencé à 6, nous sommes 30. Les jours de livraisons deviennent des temps de rencontres pour les personnes qui ne se connaissaient pas. Des personnes qui ne consommaient pas des produits locaux, bio et de saison s'y sont mis. Un petit rien, mais qui fait du bien !” (consommatrice, département 29, 4 mai). S’ajoute également pour certains le fait de faire des courses pour des parents ou des personnes vulnérables, ce qui peut aussi amener à modifier sa consommation, dans une direction parfois différente: “Nous gardons toujours une visite par semaine en grande surface parce que nous faisons les courses pour nos aînés et le choix de leurs produits de consommation n'est pas le même que nous, mais systématiquement nous revenons avec des aliments pour nous. Moi je le vis comme un "craquage" et mon conjoint assume l'achat de gâteaux ou paquet de brioches, ce n'est jamais dans l'excès, mais nous ramenons toujours qq choses!” (consommatrice, Morlaix, 29 avril).


Enfin, l’intérêt pour le potager, de la part de personnes qui ne le faisaient qu’un peu ou ne le faisaient pas du tout, est confirmé par de nombreux témoins, qui pensent aussi souvent que même si cela ne durera pas, cela laissera des traces : “Ma voisine pourtant peu intéressée par le jardinage, a décidé au cours de cette période de confinement de lancer un petit potager avec son fils de 10 ans. Il y a longtemps qu'ils appréciaient mon potager mais disaient le projet impossible pour eux. Après l'achat de poules en février, les voilà qui se lancent dans un potager et cherchent des conseils. Je ne sais s'ils persévéreront mais ce souci de manger local et pour sa propre production aussi petite soit elle est devenue une réalité pour eux. Même si le potager n'est pas un grand succès, ils auront (les enfants surtout) découvert ce que cela suppose de produire des légumes” (consommatrice du Département Ile-et-Vilaine, 22 avril). “Je loue une parcelle de 200 m2 aux jardins familiaux de Lons-Le-Saunier depuis mai 2019. L'an dernier et même en début d'année 2020, on a constaté qu'il y avait beaucoup de jardins vacants (une quinzaine sur la cinquantaine au total). Là avec l'effet confinement, il y a plein de nouveaux jardiniers et jardinières. Mes nouveaux voisins habitent en appartement et ils m'ont dit qu'à force de venir se promener à pied à côté des jardins pendant le confinement, ils ont sauté le pas.” (consommateur du département du Jura, 27 avril).


 

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