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- Enquête : impacts du Covid-19 sur les exploitations agricoles en lien avec les circuits courts
Lancement d'une grande enquête du RMT Alimentation locale ciblée sur les impacts de la crise du Covid-19 sur les exploitations agricoles en circuits courts. Des membres RMT Alimentation Locale ont participé à l'enquête “Manger au temps du Coronavirus” , lancée au début du confinement et qui donne lieu à des bulletins de partage réguliers. Les réponses obtenues proviennent essentiellement de consommateurs et concernent leurs observations sur les territoires. Nous souhaitons aujourd'hui en savoir plus sur les impacts de la crise du covid-19 sur les exploitations agricoles en circuits courts. Pour cela, nous vous proposons une enquête à destination des accompagnateurs·trices ou facilitateurs·trices des circuits courts qui ont des regards sur les situations des exploitations, dans les filières comme dans les territoires, qui sont particulièrement riches et complémentaires des témoignages déjà recueillis. Vous êtes accompagnateur·trice ou facilitateur·trice de circuits courts ? Participer à cette enquête 15 à 20 min Les résultats de cette enquête seront diffusés sur le site du RMT Alimentation Locale et approfondis à travers une enquête à destination des producteurs, qui sera bientôt diffusée sur ce site. Une journée d’échange sera organisée à l’automne pour dégager des enseignements sur la résilience des exploitations en circuits courts et identifier des pistes pour faire évoluer l’accompagnement. Merci par avance pour votre participation et pour votre aide dans la diffusion de cette enquête !
- Enquête : impacts du Covid-19 sur les exploitations agricoles en lien avec les circuits courts
Lancement d'une grande enquête du RMT Alimentation locale ciblée sur les impacts de la crise du Covid-19 sur les exploitations agricoles en circuits courts. Des membres RMT Alimentation Locale ont participé à l'enquête “Manger au temps du Coronavirus” , lancée au début du confinement et qui donne lieu à des bulletins de partage réguliers. Les réponses obtenues proviennent essentiellement de consommateurs et concernent leurs observations sur les territoires. Nous souhaitons aujourd'hui en savoir plus sur les impacts de la crise du covid-19 sur les exploitations agricoles en circuits courts. Pour cela, nous vous lançons une enquête en 2 partie : une première, lancée le 15/06, s’adresse aux accompagnateurs·trices ou facilitateurs·trices des circuits courts : Participer à cette enquête une seconde, que nous lançons aujourd’hui, s’adresse aux agriculteurs·trices en circuits courts qui sont directement concerné·e·s et pourront ainsi nous apporter une vision précise et chiffrée des impacts de cette crise sanitaire. Vous êtes agriculteur·trice en circuits courts? Participer à cette enquête (20 min environ) Les résultats de cette enquête seront diffusés sur le site du RMT Alimentation Locale et pourront être complétés par un entretien téléphonique qui permettra d'échanger plus en détails sur cette crise sanitaire et ses conséquences. Une journée d’échange sera organisée à l’automne pour dégager des enseignements sur la résilience des exploitations en circuits courts et identifier des pistes pour faire évoluer l’accompagnement. Merci par avance pour votre participation et pour votre aide dans la diffusion de cette enquête !
- Bulletin de partage 4 - Un «Fonctionnement alimentaire» de croisière avant le déconfinement
Au cours de la période, nos contributeurs déclarent poursuivre les pratiques qu’ils ont mises en place en matière de préparation des repas. Deux enquêtes quantitatives viennent éclairer nos observations Les contributeurs à l'enquête s’inscrivent dans la prolongation de ce qu’ils ont mis en place dans les semaines qui précèdent. Nous relevons cependant des mentions plus fréquentes sur les limites monétaires, peut-être parce que les économies ont été entamées. Les possibilités d'approvisionnement conditionnent les pratiques culinaires : “ j'essaie de ne pas changer ces habitudes, mais la relative pénurie alimentaire m'oblige à acheter des produits plus chers et pas forcément de meilleur qualité; étant au RSA, cela me pose quelques problèmes” (acteur associatif dans les Pays de la Loire 72600, 1er mai) ; “je n'ai pas les moyens de me payer la nourriture cuisinée des supermarchés bio, j'ai donc dû me rabattre sur les supermarchés classiques et la qualité de mon alimentation s'en est ressentie.” (consommateur en Occitanie, 1er mai). La reconfiguration des dépenses alimentaires peut se faire de façon plus sereine, comme le décrit cet habitant de Rhône Alpes le 29 avril : “ Une voisine a contacté un vendeur de fruits et légumes afin qu'il vienne vendre dans notre copropriété, nous lui avons donc réservé quelques places de parking et il vient tous les Vendredi pendant 1h30. C'est très pratique pour grand nombre d'entre nous qui devait se rendre au supermarché faire 2h de queue. Certains voisins le trouvent cher mais à bien y réfléchir, étant donné que je cuisine tout, que rien n'est gaspillé et que je n'achète aucun produits alimentaires au supermarché (à part farine ,lentilles et pâtes), je m'y retrouve”. Les limites ne sont pas seulement monétaires puisque la crise interdit certaines habitudes : “notre assiette a peu évolué depuis le début du confinement : végétarienne, locale et bio. Notre dose mensuelle de viande était au restaurant. On n’a donc plus cette option.” (habitant de Centre-Val-de-Loire, 1er mai). Le régime alimentaire est aussi le fruit du climat d’inquiétude : “J'essaie de boire "moins et mieux" d'alcool - en principe uniquement le soir en week-end, mais les allocutions présidentielles cassent les bonnes résolutions : la situation est angoissante même si ce n'est pas le cas de mon quotidien”. (consommatrice normande le 3 mai). A l’inverse certaines personnes renouvellent leurs plaisirs gastronomiques “depuis quelques jours les restaurateurs proposent des plats à emporter. Nous en profitons, en soutien à ces professionnels engagés dans une gastronomie de qualité ; et pour la joie de se faire ce plaisir, de renouer avec une forme de convivialité faute de sociabilité” (consommatrice en Bretagne, 1er mai). La vente à emporter, pis-aller pour les restaurateurs afin de garder le contact avec leurs clients et plaisir pour les mangeurs, se répand : ainsi, dans une commune d’Ille et VIlaine, c’est une quinzaine de jours avant le déconfinement que tous les restaurants ont progressivement suivi le restaurant gastronomique qui l’a proposé. La crise va même jusqu’à susciter des vocations : “avec mes parents et ma petite soeur on a pris une sacré bonne habitude de cuisine, puisqu'on ne perd pas de temps dans les transports on en gagne pour cuisiner, se reposer, faire du sport, même rien glander pendant des heures sans culpabiliser, bref vivre. [...] Personnellement ça m'a donné de l'espoir, j'ai envie de devenir agricultrice depuis un certain temps mais il y a des sujets que je n'arrivais pas à aborder avec mes parents” (étudiante en Pays de la Loire, 5 mai). Notre enquête qualitative ne permet pas une caractérisation fine des répondants, hors analyse des contributions que nous lançons. Nous constatons tout de même que peu de réponses évoquent directement les limites liées aux revenus. Deux enquêtes viennent utilement éclairer nos constats. Le journal Le Monde a réalisé une exploitation des recherches sur Google, dont quelques résultats sont décrits dans l’article “Masques, insomnie, farine ou jogging… Ce que nos recherches Google disent du confinement” publié le 9 mai. Il relève que “mis à part les masques, peu de questions semblent avoir autant passionné les Français durant le confinement que celles liées au pain et à la farine. Malgré l’autorisation d’ouverture accordée aux boulangeries et pâtisseries, les recherches sur les manières de faire son pain – dont le pain cocotte, recette d’ordinaire très marginale – ont explosé durant ces deux mois. Sur YouTube, entre mi-mars et mi-avril, le visionnage des vidéos de cuisine sur le pain a augmenté de 800 %.” Les nombreux retours que nous avons reçus sur l’autoproduction sont aussi confirmés : “l’intérêt pour les « poules pondeuses » a été multiplié par quatre depuis le début du confinement [...] le confinement a marqué une très nette augmentation du nombre de personnes qui souhaitent faire pousser leurs propres légumes – ce que l’on ne constate pas pour les fleurs”. Darwin Nutrition a réalisé pour l’IFOP une enquête auprès d’un échantillon de 3045 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, sur le thème “Quel est l’impact du confinement sur le poids et les habitudes alimentaires des Français ?”. Nous l’avons examiné avec attention, notamment pour apprécier le biais de représentativité de notre échantillon de répondants. L’image “lissée” de nos contributions est interrogée par le fait qu’environ 40% des mangeurs confinés se sont, selon le sondage de l’IFOP, disputés au sujet de l’alimentation, et même la moitié dans les catégories populaires. Le principal sujet de dispute est la répartition de la charge liée aux repas, en défaveur des femmes. A la question “ à partir du 11 mai, envisagez-vous personnellement… ? De manger plus sain/équilibré mais sans faire de régime au sens strict” 56 % des sondés répondent positivement (51% pour les hommes, 60% pour les femmes), et ce sont surtout les professions intermédiaires et les diplômés niveau bac qui sont les plus affirmatifs. Les deux tableaux suivants, que nous empruntons à cette enquête confirme une affectation de temps “libéré” à la préparation maison, ainsi qu’un mouvement vers des aliments locaux, d’origine garantie et équilibrés. Figure 1 : évolution de pratiques alimentaires (source étude Darwin Nutrition, IFOP, 2 mai 2020) Comme nos répondants l’ont signalé, les Français prétendent à de bonnes résolutions sur l'équilibre de leur alimentation, les impacts environnementaux et le temps consacré aux repas. Figure 2 : évolution de pratiques alimentaires (source étude Darwin Nutrition, IFOP, 2 mai 2020) Ces bonnes résolutions seront-elles mises en application ? Cette question s'inscrira au cœur de nos préoccupations dans les semaines qui viennent. Pour proposer de nouvelles observations cliquez ici. Présentation du Bulletin n°4 Article précédent : Quelques nouveautés et des marqueurs du confinement| Article suivant : Locale, collective ou issue du jardin : des tendances qui s'affirment
- Appel à Manifestation d'intérêt : Groupe Transversal Formation
Le groupe transversal formation du RMT Alimentation Locale a le plaisir de vous partager un appel à manifestation d'intérêt pour vous inviter à intégrer le groupe et à participer aux réflexions autour de la formation dans les chaînes alimentaires courtes de proximité (CACP). Animé par Fanny Garric (CRIPT PACA), Claire Julien et Grégory Boulard (EPL de Lozère) et Juliette Peres (FAB’LIM), le groupe transversal formation a pour mission de renforcer la visibilité de l’offre de formation et des expertises existantes, mais aussi de proposer de nouveaux contenus pédagogiques à développer, qui répondent aux besoins non satisfaits ou aux évolutions des CACP, en lien avec les organismes de formations, branches professionnelles, directions de la formation des Régions et autres financeurs. La première étape que le groupe se fixe pour 2020/2021 pour y parvenir consiste à : • constituer une base de données des formations et ressources pédagogiques existantes sur les CACP • pointer là où il y a un écart entre les besoins et l'offre en formation disponible • construire un annuaire des expertises pour valoriser les compétences dans les territoires Ceci, en lien avec les deux axes du RMT (stratégies, relocalisation) et les autres groupes transversaux (numérique, logistique, réglementation). Le groupe formation souhaite ainsi mobiliser un groupe d’experts en ingénierie de la formation, animation de formations et/ou organisation de formations dans des domaines liés aux CACP, qui partageront leur connaissance du secteur, des métiers, leur vision des évolutions en cours et des besoins en formation associés, motivés pour participer à une dynamique de réseau. Pour en savoir plus : Télécharger l'appel à manifestation d'intérêt Pour toute question et pour manifester votre intérêt à participer aux travaux, merci de contacter Juliette PERES (FAB’LIM) à : juliette@fablim.org
- Lancement d’une étude par le RMT Alimentation locale sur les outils numériques de commercialisation
“Plateformes”, “outils de vente en ligne”, “sites de e-commerce”, “e-boutiques”, etc.. les dénominations de ce que nous appellerons ici “outils numériques de commercialisation” sont aussi variées qu’il en existe. Parmi ces outils, certains permettent de cibler davantage des particuliers, d’autres plutôt la restauration collective et commerciale ou les détaillants. A cette diversité d’outils s’ajoute une multitude de services associés : appui logistique, paiement en ligne/en direct auprès des producteurs, facturation intégrée, etc. Le fleurissement de ces initiatives de mise en relation “à distance” entre producteurs et acheteurs pour un approvisionnement en produits souvent locaux, ou du moins français et quasiment toujours fermiers a été particulièrement croissant ces dernières années et encore plus vertigineux lors de la crise de Covid-19 et le confinement des Français entre Mars et Mai 2020. Si la multiplicité des outils numériques de commercialisation est une bonne chose : complémentarité des approches, diversité des services proposés, motivations et éthique propre à chaque solution, cela peut aussi générer de la confusion pour les producteurs qui souhaitent se reposer sur ces outils : lequel/lesquels choisir parmi cette offre pléthorique ? Le RMT Alimentation locale se propose d’aider à la qualification de ces initiatives, de manière factuelle et sans jugement de valeur. Il s’agit, de proposer une grille de lecture aux producteurs agricoles ou groupements de producteurs qui souhaiteraient s’appuyer sur ces outils numériques afin qu’ils puissent choisir le ou les outil(s) correspondant le mieux à leurs besoins, chacun en fonction de sa situation. Le périmètre de notre étude : Les outils qui permettent aux producteurs, individuels ou collectifs, qui portent un projet de distribution en circuit court, de créer une “boutique”/”page de commande” pour vendre en ligne, soit à des acheteurs professionnels soit à des consommateurs individuels. Ces outils seront donc soit des places de marché, soit des outils permettant de créer un site e-commerce adapté aux problématiques des circuits courts. Dans un premier temps nous écartons de notre analyse les “boutiques/épiceries/primeurs virtuel.le.s” proposant la vente de produits en circuits courts ainsi que les outils de “recensement de producteurs” type annuaires ou cartographies. Si vous avez connaissance de tels outils qui n’entrent pour le moment pas dans notre périmètre d’étude, et dans l’objectif de nous permettre de préparer les travaux futurs, vous pouvez les indiquer ici. Nous élargirons le champ de notre travail dans un second temps, en lien avec la mise en place d’un observatoire (voir la page de présentation). Vous portez un outil qui entre dans le champ de notre étude et n’avez pas encore reçu notre questionnaire ? Renseignez-vos informations ici pour recevoir une invitation à répondre Les livrables qui seront disponibles et diffusés sur le site du RMT : Une page permanente dédiée à ces travaux - mise à jour régulièrement Un outil d’aide à la décision pour les producteurs souhaitant commercialiser leurs produits en ayant recours à des outils numériques Pour en savoir plus, contactez-nous à animation@rmt-alimentation-locale.org
- Logistique - État des lieux des chaînes courtes de proximité
Depuis 2015, le RMT Alimentation Locale a engagé une réflexion sur la logistique des circuits alimentaires courts et de proximité (CACP), c’est-à-dire l’organisation des flux de matières, des flux d’informations et des flux financiers. Les échanges entre chercheurs et praticiens ont confirmé l’importance de cette problématique et ont donné lieu à une première note de synthèse publiée en 2017 qui présentait les grands enjeux en la matière, et une diversité de réponses mises en œuvre pour y faire face. L’importance de ce sujet n’a, depuis, cessé de croitre et de nouvelles initiatives se sont développées. Dans l’optique d’un renouvellement du RMT pour la période 2020-2024 une démarche a été initiée sur le développement de ses activités autour de la logistique et la constitution d’un Groupe Transversal dédié. L’élaboration d’un état des lieux plus poussé est alors apparue comme un préalable nécessaire à la construction de la feuille de route du groupe. Dans le même temps, la Fondation Daniel et Nina Carasso qui finance notamment des projets sur l’alimentation durable, a sollicité le RMT pour appuyer sa réflexion sur cette thématique qu’elle a également identifiée comme stratégique pour le développement des CACP. Un comité de pilotage a donc été constitué pour structurer un état des lieux le plus complet possible de la logistique des CACP. Les échanges au sein du groupe ont fait émerger quatre attentes principales par rapport à ce travail : - identifier les problématiques et enjeux clés de la logistique des CACP aujourd’hui en France - repérer et caractériser les solutions qui existent actuellement sur le terrain - mettre en lumière les manques et enjeux non-traités - formuler des préconisations dans les domaines scientifiques et opérationnels pour l’amélioration de la logistique des CACP. Ce rapport présente donc les résultats des travaux réalisés entre mars et octobre 2019 pour répondre à ces 4 objectifs. Il expose tout d’abord un recensement des initiatives en France en termes de logistique des CACP, avec pour but principal de montrer la diversité des solutions repérées. Il rend compte ensuite d’une analyse bibliographique de la littérature française et internationale qu’elle soit académique ou non-académique, ceci afin de mettre en relief les problématiques traitées et celles absentes et d’analyser l’évolution des travaux au cours des dernières années. Puis, nous présentons les résultats d’une série d’entretiens auprès d’experts du domaine et de porteurs d’initiatives, illustrant de l’évolution de la logistique des CACP, de ses enjeux et difficultés actuelles et des pistes possibles d’amélioration. La dernière partie du rapport est pour sa part consacrée à des recommandations formulées à partir des trois volets précédents, d’un atelier participatif mené en juillet 2019 avec de spécialistes du sujet, et des échanges au sein du comité de pilotage constitué pour cet état des lieux. Retrouvez ci dessous le rapport complet et la synthèse proposés par le groupe Logistique : Télécharger le rapport Télécharger la synthèse Un webinaire est organisé pour présenter ce travail, vous pourrez le suivre en direct le mardi 29 septembre de 14h00 à 15h15 ou a posteriori au même lien : Pour en savoir plus sur ce travail ou pour contribuer au travaux du groupe, merci d'écrire aux animateurs du groupe : Gwenaëlle Raton (gwenaelle.raton@univ-eiffel.fr), Frédéric Wallet (frederic.wallet@agroparistech.fr) et Amélie Gonçalves (amelie.goncalves@inrae.fr)
- Webinaire | État des lieux logistique des Chaînes Courtes de Proximité
Le groupe transversal Logistique du RMT Alimentation Locale vous convie à la présentation du rapport : "Logistique des circuits alimentaires courts de proximité : état des lieux, nouveaux enjeux et pistes d'évolution" soutenu par le RMT Alimentation Locale et la Fondation Carasso Cette présentation aura lieu Mardi 29 septembre de 14h00 à 15h15 en direct sur notre chaine youtube, au lien ci-dessous : (il sera possible de visionner la vidéo a posteriori avec le même lien) Dans un premier temps, les auteurs de l'étude présenterons les résultats puis les recommandations et la feuille de route qui en découle seront mis en discussion avec l'ensemble des participants. Dans un second temps (de 15h15 à 16h00), un échange permettra aux personnes intéressées par le groupe transversal logistique du RMT Alimentation Locale de contribuer au programme de travail sur cette thématique pour 2020/2024. Si vous êtes intéressé·e pour participer à cet échange et rejoindre ce groupe de travail, merci d'écrire aux animateurs du groupe : Gwenaëlle Raton (gwenaelle.raton@univ-eiffel.fr), Frédéric Wallet (frederic.wallet@agroparistech.fr) et Amélie Gonçalves (amelie.goncalves@inrae.fr) Le rapport d’état des lieux et sa note de synthèse seront prochainement mis en ligne sur l'espace du groupe logistique : https://www.rmt-alimentation-locale.org/groupe-logistique
- Éclairage Covid-19 | L’agriculture familiale agro-écologique pour des systèmes alimentaires durables
Le choc provoqué par la pandémie de Coronavirus se révèle d’une ampleur inédite que l’on mesure chaque jour un peu plus, avec des bouleversements sans précédents. Ces bouleversements touchent le secteur de l’agriculture et de l’alimentation, provoquant des inquiétudes sur la sécurité alimentaire mondiale, et mettant au grand jour les fragilités structurelles des systèmes alimentaires, ces règles et modes d’organisation qui doivent garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Une telle situation met en lumière la nécessité impérieuse de rendre ces systèmes alimentaires plus résilients, plus durables. Cette nécessité interpelle directement les équipes d’Agrisud. Cet éclairage a été rédigé par AGRISUD, nous les remercions d'avoir accepté de partager ce travail dans cette rubrique. Vous pouvez retrouver l'article original sur ce lien. Ce texte n'engage que ses auteur·e·s et pas l'ensemble du collectif qui rédige les bulletins de partage. Une position d’observation privilégiée Par sa couverture géographique d’une quinzaine de pays[1], les équipes d’Agrisud bénéficient d’une position privilégiée pour observer ces bouleversements dans une grande diversité de situations. Le recueil des informations remontant des terrains permet ainsi de produire une analyse des risques de perturbations des systèmes alimentaires liés à la pandémie. Ces risques peuvent être alors opposés à ce qu’Agrisud considère comme des facteurs de résilience qui sont mis en œuvre au travers de ses différents projets. Des systèmes alimentaires différemment impactés L’infographie ci-dessous représente, de manière non exhaustive, les risques de perturbations pouvant être générées par la crise sur les systèmes alimentaires. Tous ces risques ne se manifestent pas de la même façon selon les contextes et peuvent être influencés par plusieurs facteurs. Entre autres, ils dépendent fortement de l’organisation initiale des systèmes alimentaires, avec leurs forces et leurs faiblesses. Ils dépendent aussi de l’intensité de la pandémie, des réactions et de l’adaptation des populations, des mesures prises (restriction des déplacements, fermeture de frontières, confinement...) et de l’évolution de ces mesures dans le temps. Ces risques affectent autant l’amont de la production agricole, la production elle-même que son aval. Si elle semble pour le moment épargnée, la production peut être pénalisée par la réduction du temps de travail dans les exploitations. A l’amont, la rupture des chaînes logistiques perturbe l’accès aux intrants. La limitation des déplacements et la crainte de la maladie peuvent limiter la disponibilité en main-d’œuvre si elle est extérieure ; elle peut a contrario l’augmenter si celle-ci est familiale. Dans certains cas, la production agricole bénéficie du retour d’une main-d’œuvre victime de la récession dans d’autres secteurs. L’accès difficile aux facteurs de production pourrait causer, à moyen terme, l’augmentation des coûts de production et la réduction des quantités produites. A l’aval, les circuits de mise en marché sont également perturbés. Les familles agricoles écoulent plus difficilement leurs produits du fait de la fermeture ou de la baisse de fréquence des marchés locaux. Dans le même temps, les prix de certains produits devenant plus rares – ou sujets à spéculation – peuvent augmenter au sein des bassins de consommation. Les consommateurs subissent directement ces effets. La disponibilité des produits est également entravée par des perturbations sur les circuits d’importation. Certains voient leur pouvoir d’achat réduit du fait de la diminution ou de la perte de revenus, ils privilégient alors les produits moins chers, moins diversifiés et souvent moins nutritifs. La sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations est menacée. ©Agrisud International Une vulnérabilité des systèmes alimentaires, le cumul des maux Ces risques impactent au plan économique tous les acteurs, et notamment les familles d’agriculteurs et les consommateurs, creusant un peu plus les inégalités. Certains pays sont plus vulnérables que d’autres, du fait de crises récurrentes (comme les crises climatiques) et de problèmes structurels plus profonds : instabilité politique, pauvreté, forte dépendance alimentaire... Cette crise révèle la vulnérabilité des systèmes alimentaires. Si, à court terme, des mesures immédiates de protection des populations les plus vulnérables et d’atténuation des effets de la pandémie sont nécessaires, des mesures structurelles d’adaptation des systèmes alimentaires sont indispensables. ©Agrisud International L’agriculture familiale, pivot de systèmes alimentaires durables Dans les pays d’intervention d’Agrisud comme dans d’autres pays, de nombreuses initiatives sont développées pour améliorer la résilience des systèmes alimentaires. Cette crise apporte son lot d’innovations et peut être un facteur d’accélération du changement. Parce qu’elle représente à elle seule plus de 70 % de la production alimentaire mondiale, c’est en priorité à l’agriculture familiale qu’il faut donner les clés de cette résilience. Il s’agit ici de lui permettre de satisfaire l’essentiel des besoins alimentaires locaux. Cette résilience passe par des systèmes de production et d’échanges qui soient durables, tant à l’échelle des exploitations agricoles qu’à celle des territoires. L’agriculture familiale agro-écologique, la bonne intégration des exploitations dans les filières et les marchés locaux, l’interaction efficace des acteurs par une approche « territoire » participent de cette résilience et apparaissent clairement comme des options crédibles pour répondre aux enjeux de sécurité et de souveraineté alimentaire. ©Agrisud International L’agro-écologie, facteur clé de résilience L’agro-écologie a l’avantage de réduire la dépendance aux facteurs de production. Le besoin limité en intrants extérieurs rend les exploitations agricoles familiales moins vulnérables aux perturbations des chaînes logistiques. De même, certaines pratiques culturales réduisent la dépendance à la main- d’œuvre extérieure. En rééquilibrant les systèmes de cultures et d’élevage et en permettant de produire plus et mieux sur de petites surfaces, l’agro-écologie favorise la diversification et l’intensification des systèmes de cultures et d’élevage. Elle sécurise les cycles de production en réduisant les risques et en optimisant l’efficience des facteurs de production. L’agro-écologie permet ainsi d’améliorer la capacité à produire en quantité, en diversité, en qualité et en régularité tout en réduisant les risques liés à la dépendance extérieure et aux aléas. Une nécessaire intégration économique Le conseil en gestion permet aux exploitations familiales d’adapter leurs systèmes de culture et d’élevage à la demande des marchés et de sécuriser l’écoulement de leur production. La diversification des circuits de commercialisation est favorisée pour réduire les risques de rupture d’un ou de plusieurs circuits. L’adaptation de la production aux besoins et aux potentiels des territoires limite les flux d’échanges entrants et sortants, limitant de ce fait les effets de rupture de chaînes logistiques aussi bien en termes d’engorgement des marchés locaux par des produits habituellement exportés du territoire, que d’augmentation des prix des produits importés. Les filières d’importation d’autres territoires ou de l’étranger ne sont pas pour autant exclues, pourvu que les relations commerciales s’exercent dans l’intérêt de chacun. En adaptant les productions à la demande locale et en diversifiant les circuits de commercialisation, les risques de rupture sont réduits et l’approvisionnement des marchés locaux est mieux sécurisé. Des acteurs du territoire mobilisés C’est la mise en cohérence des ressources d’un territoire et la collaboration entre acteurs qui conduisent à des systèmes alimentaires durables, limitant le déséquilibre entre zones rurales et zones urbaines et tenant compte de l’interdépendance des enjeux économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux. Dans le cadre de cette approche « territoire », le développement de services professionnels de proximité réduit les risques de ne pouvoir accéder aux services, aux intrants ou à la main-d’œuvre. La transformation des produits à l’échelle locale peut limiter la perte des produits périssables. Le développement des savoirs et notamment la sensibilisation des consommateurs à l’alimentation durable est aussi un enjeu majeur pour promouvoir les productions locales et agro-écologiques. La constitution et la montée en compétences de réseaux d’acteurs (décideurs, services agricoles, commerces, entreprises, exploitations agricoles, consommateurs...) qui mobilisent les ressources locale en fonction de leurs responsabilités, donnent au territoire les meilleures chances de devenir résilient : on privilégiera alors des systèmes alimentaires territorialisés. La crise facteur d’accélération de la transition agro-écologique Cette agriculture familiale agro-écologique, de proximité, bien intégrée dans les filières et les marchés de son territoire, peut répondre aux besoins alimentaires des populations tout en préservant l’environnement et en développant l’économie locale. Elle est la base de ces systèmes alimentaires territorialisés. Elle contribue à soutenir les dynamiques économiques, englobant l’ensemble des acteurs, avec un partage de la valeur créée dans le territoire. Elle génère de multiples bénéfices au niveau du climat et des ressources naturelles, de la lutte contre la pauvreté et de la sécurité alimentaire. Une transition vers cette agriculture s’impose plus que jamais, et le contexte de crise sanitaire pourrait en être l’accélérateur. Les réactions à venir des Etats et des bailleurs de fonds vont être déterminantes. Des arbitrages budgétaires défavorables à ce type d’agriculture sont à craindre dans certains pays car il est plus facile de revenir aux anciennes formules quelles qu’en soient les conséquences et leurs fragilités. Cela viendrait amplifier les conséquences négatives de la crise sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. De même, des stratégies de relance rapide de la production basées sur des modèles agro-industriels ou dépendantes d’importations massives fragiliseraient le tissu de production locale. La bonne nouvelle est que cette transition agro-écologique est déjà à l’œuvre dans bien des endroits, même si les ruptures dans les pratiques et dans les politiques publiques qu’elle implique restent encore un frein pour qu’elle prenne sa véritable dimension. Elle est désormais partout au cœur des discussions internationales sur le devenir des systèmes agricoles et alimentaires dans le monde. Il faudra qu’elle soit plus que jamais prise en compte au lendemain de cette crise. [1] Haïti, Brésil, Sénégal, Guinée Bissau, Côte d’Ivoire, Maroc, São Tomé e Príncipe, Gabon, Maurice, Madagascar, Chine, Laos, Cambodge, Vietnam, Indonésie (Bali). Télécharger cet éclairage Copyright photos et schémas : ©Agrisud International
- Offre d’emploi au Réseau Action Climat
Chargé·e de mission « consommation et politiques alimentaires » (CDI) - Réseau Action Climat Retrouver cette offre d'emploi directement sur le site de Réseau Action Climat Date limite de candidature : lundi 5 octobre. Structure : Le Réseau Action Climat est une association créée en 1996 spécialisée sur les changements climatiques. Il est le représentant français du Climate Action Network International, réseau mondial de plus de 1300 organisations non gouvernementales, et du Climate Action Network Europe, réseau européen représentant 160 associations membres. Le Réseau Action Climat fédère 22 associations nationales et 10 associations locales et régionales de protection de l’environnement, de promotion de la transition énergétique et des transports soutenables et de solidarité internationale. Missions du poste : L’agriculture et l’alimentation sont parmi les postes les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France. C’est à la fois étroitement lié au modèle de production et d’élevage mais aussi à la demande alimentaire : consommation de produits animaux, transformés, gaspillage alimentaire, etc. Le premier des leviers pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation des Français est la réduction de la consommation de produits animaux, prioritairement ceux issus des modes d’élevage industriel. Cela passera à la fois par une évolution de la demande du grand public et par la mise en place de politiques publiques pour accompagner cette évolution. Le ou la chargé·e de mission aura en charge de promouvoir une alimentation saine et durable accessible à tous, et en particulier d’identifier et de promouvoir les politiques publiques nécessaires pour y arriver et d’identifier de nouveaux canaux pour communiquer vers le grand public. En coordination avec la responsable agriculture et alimentation, le ou la chargé·e de mission aura notamment pour mission de : Coordonner les associations membres du réseau sur la stratégie, le plaidoyer et la communication sur les sujets liant alimentation et climat et plus spécifiquement sur la consommation de produits animaux. Coordonner la production d’études, de statistiques et la formulation de recommandations de politiques publiques. Formuler des messages et communiquer avec les médias. Initier de nouvelles formes de communication visant le grand public. Développer et mettre en œuvre des alliances et des partenariats. Assurer un lien avec les acteurs européens sur la thématique de l’alimentation saine et durable. Suivre, analyser et porter nos positions et recommandations en matière de politiques publiques lors des opportunités politiques identifiées : loi “convention citoyenne pour le climat”, plan de relance pour la France, etc. Accompagner des acteurs locaux et collectivités dans la mise en place de politiques “alimentation et climat”, capitaliser sur les résultats. Représenter le Réseau Action Climat dans différentes instances liées à l’alimentation (notamment au Conseil national de l’alimentation). Réaliser le reporting et la gestion administrative et financière des projets en lien avec la responsable administrative et financière. Le ou la chargé·e de mission s’impliquera dans l’ensemble des missions du Réseau Action Climat et participera activement à l’atteinte des objectifs de l’association. Ces missions pourront évoluer en fonction des opportunités identifiées et de la stratégie décidée par l’association. Profil recherché : Formation bac+5 (sciences politiques, politiques publiques, communication, transition écologique, etc.). Qualités recherchées : Esprit d’analyse et de synthèse Intérêt pour les thématiques du dérèglement climatique et de la transition écologique Bonne connaissance des acteurs et des enjeux liés à l’alimentation et des politiques publiques qui y sont liées. Aisance relationnelle et dans la prise de parole en public Expérience en plaidoyer et en stratégie Disponibilité pour des déplacements occasionnels en France et à Bruxelles Bonnes capacités d’organisation et de travail en autonomie Bonnes capacités d’animation Goût du travail en équipe et en réseau Niveau d’anglais professionnel Conditions de travail : CDI à temps plein, à pourvoir dès que possible Salaire à partir de 2370 € brut / mois (selon expérience et grille de salaire interne) Participation aux frais de transports, chèques déjeuner (60 %), possibilité de mutuelle (50 %) Convention collective de l’animation Poste basé au siège du Réseau Action Climat à Montreuil (93) Merci d’adresser d’ici le lundi 5 octobre 2020 un CV et une lettre de motivation (avec les coordonnées de deux référents et la date de votre disponibilité) à Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat, à l’adresse suivante : recrutement@reseauactionclimat.org Merci de nommer les fichiers électroniques correspondants à votre CV et lettre de motivation avec votre nom de famille. Les candidatures incomplètes ne pourront pas être examinées. Les premiers entretiens auront lieu entre le 12 et le 16 octobre 2020. En l’absence de réponse de notre part d’ici cette date, veuillez considérer que votre candidature n’a malheureusement pas pu être retenue. N'hésitez pas à nous transmettre vos actualités et offres d'emploi en lien avec les chaînes alimentaires courtes de proximité à l'adresse animation@rmt-alimentation-locale.org
- Éclairage Covid-19 | Alimentation en période de crise sanitaire à Rennes Métropole
Cet éclairage présente les résultats d’une enquête menée d’avril à juillet 2020 auprès des communes de la métropole rennaise, dans le but de recueillir à chaud les actions mises en place pour assurer un approvisionnement alimentaire continu et juste. Ces entretiens ont été complétés de rencontres avec des acteurs de l’alimentation actifs sur le territoire métropolitain, puis par les témoignages recueillis par l’enquête « Manger au temps du coronavirus » du RMT Alimentation locale. Du 13 mars au 22 mai, cette enquête a permis d'en recueillir 43 sur Rennes Métropole. Eclairage rédigé par Morgane Avenel, étudiante en mastère spécialisé Eco-Ingénierie à l'INP de Toulouse, en stage auprès de Rennes Métropole. Ce texte n'engage que son auteure et pas l'ensemble du collectif qui rédige les bulletins. Dimanche 15 mars 2020. La toile s'affole, les rumeurs d'une éventuelle quarantaine vont bon train. Le lendemain, c'est une France fébrile qui se prépare à s'isoler pour faire face à la pandémie de coronavirus. Après un déménagement en hâte pour gagner la capitale bretillienne avant la paralysie du pays, c'est donc en plein confinement que débute mon stage à Rennes Métropole. La crise sanitaire ayant rendu mon sujet initial caduc, je consacre désormais mon travail à l'étude de l'impact de la crise sanitaire sur les systèmes alimentaires métropolitains. L'objectif de cette étude est non seulement de faire un état des lieux de la situation, mais aussi et surtout de tirer des enseignements de cette crise inédite, afin de nourrir la réflexion sur une stratégie alimentaire territoriale durable et résiliente. L'alimentation au cœur d'un quotidien perturbé Comme partout ailleurs, la période de confinement influence la façon de s'alimenter des citoyennes et citoyens de la métropole rennaise. Que ce soit au travers de comportements de panique ou au contraire au cours de questionnements profonds, l'alimentation se hisse au sommet des priorités. Les quelques témoignages recueillis par l'enquête "Manger au temps du coronavirus" relatifs aux jours précédant l'annonce du confinement (voir bulletin de partage n°1) concordent avec les images largement relayées par les médias de ruée vers les produits alimentaires stockables, en particulier dans la grande distribution. Passés ces premiers jours perturbés, une routine d'approvisionnement alimentaire adaptée aux circonstances se reconstitue. Elle est le produit d'une combinaison de facteurs personnels, de facteurs liés aux infrastructures de distribution à disposition et de conditions propres au confinement. Du point de vue personnel, les convictions tiennent une part prépondérante dans cette reconstitution alimentaire. Malheureusement, les témoignages recueillis sur Rennes Métropole par l'enquête "Manger au temps du coronavirus" manquent de représentativité, d'une part à cause de la faible taille et de la composition de l'échantillon, majoritairement sensibilisé aux questions d'alimentation locale, saine et/ou durable, et d'autre part parce que les répondants sont pour la plupart à la maison pendant le confinement, situation qui influence l'adaptation du comportement alimentaire. Les circuits de distribution influencent aussi la façon de s'approvisionner, notamment du fait de la contraction des déplacements et possibilités de sorties. Les marchés fermés ou peu accessibles en raison de longues files d'attente sont parfois boudés au profit d'autres circuits courts qui semblent peu perturbés, "plus résilients" (d'après un.e rennais.e fréquentant les AMAP le 2 avril). Les petits commerces (épiceries bio, boucheries, boulangeries, supérettes vendant des produits locaux) des centre-bourgs sont également plébiscités, comme le constatent certaines communes : "Sur Acigné il était possible de faire tous les achats de première nécessité à pieds". Les commandes de paniers mis en place pour l'occasion, à la ferme ou en épicerie, sont également en plein essor. À l'inverse, les communes interrogées remarquent que les épiceries vendant des produits plus haut de gamme (non indispensables) ont été perdantes. Enfin, les nouvelles règles imposées par le confinement nécessitent des adaptations alimentaires : La recomposition du foyer : le régime alimentaire et les quantités s'adaptent aux regroupements familiaux ; L'atmosphère régnant dans les magasins : plusieurs témoins relatent une ambiance plus apaisée et des consignes sanitaires mieux respectées dans les magasins spécialisés qu'en grandes surfaces ; Les contraintes sanitaires, qui poussent parfois à renoncer à des pratiques écoresponsables (zéro déchet par exemple) ; Le respect le plus strict possible du confinement, soit lorsque l'on présente des facteurs de risques, en se reposant sur ses voisins, soit par volonté de limiter au maximum ses déplacements en augmentant les volumes de courses ; La santé, soit pour éviter d'augmenter les risques liés au coronavirus, soit pour veiller à équilibrer son alimentation dans une situation où "l'ennui donne faim" (une rennaise le 31 mars). Le repas retrouve, le temps du confinement, sa place de moment convivial pour rythmer des journées parfois monotones. Certaines pénuries ponctuelles (beurre salé, farine) traduisent d'ailleurs l'intérêt largement porté à la cuisine. Ces nouvelles tendances sont le reflet de réflexions plus profondes survenues pendant la période de confinement. En effet, plusieurs témoins se surprennent à questionner leur rapport au temps, au travail, et in fine, à la vie dans son ensemble. L'assiette devient alors le support de remise en question du mode de vie, le temps gagné semble parfois moins considéré comme une contrainte que comme l'occasion de se consacrer à des activités stimulantes et riches de sens. Au-delà de la cuisine, une envie d'extérieur et de jardin se fait sentir, sans doute renforcée par un printemps très ensoleillé. Le jardinage et la cueillette reviennent en effet plusieurs fois dans les témoignages recueillis par le RMT Alimentation Locale. Un habitant d'un village à l'ouest de Rennes témoigne le 18 mai : "La pratique du télétravail me libère du temps (2h de gain quotidien de temps de transport) que je peux entre autres consacrer à cette activité". La tendance se vérifie aux Jardins Familiaux de Rennes, qui enregistrent 100 demandes de parcelles supplémentaires par rapport à une année habituelle (250 à 300 demandes). Vert le Jardin, association de sensibilisation au jardinage, notamment sur les jardins partagés, a également reçu plus d'appels de demandes pour cultiver dans ces jardins, pourtant fermés pendant le confinement contrairement aux jardins familiaux. Les motivations relèvent plutôt du désir de passer plus de temps en extérieur après une période d'enfermement, plutôt que la crainte de subir des difficultés d'approvisionnement alimentaire en fin d'année. À Bécherel, la plus petite commune du territoire, le confinement a par ailleurs permis la réalisation d'un projet de jardin communautaire, depuis longtemps imaginé mais jamais concrétisé. Sur un terrain mis à disposition par un habitant, le jardin réunit des personnes de tous âges et tous niveaux afin de partager des savoirs potagers dans une ambiance conviviale. Cette volonté de retour à la terre s'est par ailleurs fait remarquer dans une ferme permacole rennaise, ou encore à l'association Les Cols Verts au Blosne, qui ont reçu plus de demandes de stage que d'habitude, en particulier de la part de personnes qui souhaite se réorienter. Les demandes de participation bénévole aux chantiers sont également plus nombreuses, se soldant par une présence plus régulière au jardin. Reste à savoir si cette tendance s'inscrira dans la durée ou si elle n'est que la réaction face à une perte de repères dans une période contraignante. Le renouveau de la solidarité alimentaire La crise sanitaire a bouleversé les systèmes d'aide alimentaire, les obligeant à adapter leurs modes d'interventions. Tout d'abord les bénévoles habituels, souvent âgés et donc à risque, sont restés confinés, et les grandes associations d'aide alimentaire ont été d'abord prises au dépourvu, avant que d'autres générations désormais disponibles ne se manifestent. D'autre part, le confinement a entraîné des pertes d'emploi et de ressources, et le nombre de personnes précaires a augmenté, comme leurs besoins d'aide alimentaire. En outre, les pénuries caractéristiques du début du confinement ont entraîné une diminution de la quantité d'invendus des grandes enseignes. L'aide sociale, notamment alimentaire, a été le point d'attention majeur des communes. Les centres (inter)communaux d'action sociale (CCAS et CIAS) s'en sont fait les coordinateurs. Le déploiement de cette aide reste relativement identique partout. Un recensement des personnes en difficulté s'effectue systématiquement, par téléphone, courrier ou via l'affichage municipal. Il s'agit en premier de cibler les personnes âgées, plus à risque, qui doivent limiter voire arrêter leurs déplacements et se retrouvent donc souvent isolées. Les communes prennent contact avec elles via les listes constituées par l'ADMR, le CCAS ou pour le plan canicule. Un recensement complémentaire permet de cibler un public plus large, inconnu des services municipaux : des foyers ayant perdu une source de revenu, devant cuisiner plus et en plus grande quantité après la fermeture des écoles notamment. Une équipe de bénévoles est ensuite constituée, autour d'élus coordinateurs. Les personnes en difficulté n'ont souvent affaire qu'à un bénévole référent afin d'instaurer une relation de confiance. Les actions de soutien alimentaire à proprement parler sont ensuite mises en place. Dans la majorité des cas, il s'agit de portage de courses. Ce mode permet, outre la distribution de produits de première nécessité, de maintenir un lien avec les personnes isolées. Deux communes interrogées font appel à des fermes locales pour pallier l'approvisionnement en frais limité de l'épicerie solidaire, et livrent des paniers avec des recettes, ceci afin de soutenir les fermes tout en permettant à des personnes en situation précaire de s'alimenter sainement. Plus rarement, des bons alimentaires sont distribués, parfois en complément des distributions ou pour élargir l’offre de l’épicerie sociale. Peu de produits périssables des cantines ont été redistribués ou jetés, l'annonce de la fermeture des écoles ayant eu lieu le jeudi soir alors que les commandes sont souvent faites le vendredi pour la semaine suivante. Les nombreuses omelettes et produits laitiers de la cuisine centrale de Rennes ont pu trouver preneurs grâce à la mobilisation des services et des réseaux sociaux. Le fonctionnement de l'aide alimentaire sur la ville de Rennes se distingue cependant des autres communes. "SolidaRen", réseau et fondation d'innovation sociale et solidaire mis en place avant la crise sanitaire, a facilité la mise en place d'un circuit d'aide alimentaire adapté au début du confinement. À défaut de pouvoir se rencontrer, la coordination se fait par le biais de visioconférences entre les associations locales et nationales, la ville et les entreprises pourvoyeuses de dons alimentaires. La fermeture des écoles a été l'occasion d'expérimenter une coopération nouvelle : deux écoles réquisitionnées ont accueilli des associations (Secours Populaire, Un Toit c'est Un Droit) pour préparer des colis alimentaires avant d'aller les livrer dans les structures d'hébergement d'urgence et directement dans les foyers. Les repas sont confectionnés par la cuisine centrale, celle-ci a également écoulé certains produits via les AMAP notamment. Les produits distribués proviennent de différentes sources : banque alimentaire, dons de grandes et moyennes surfaces et d'entreprises défiscalisés à 60%, achats réalisés auprès de grossistes. Durant les deux mois, le dispositif a permis la distribution de près de 300 sacs par jour et par école, permettant à 10 000 personnes de bénéficier d'une alimentation régulière. Une cagnotte organisée par SolidaRen a permis de récolter 20 000€ de particuliers et 10 000€ des entreprises de la fondation pour financer des achats en frais à des grossistes (notamment bio) ainsi que des équipements logistiques. À la reprise de l'école, c'est un gymnase qui a été transformé en "Village Alimentaire", où cette fois les bénéficiaires viennent chercher eux-mêmes leurs colis, la logistique liée à la livraison à la personne par les bénévoles étant trop lourde sur du long terme. Après plusieurs mois, la structure est appréciée, les bénéficiaires peuvent s'investir en devenant bénévoles, mais la question de la pérennisation après la réouverture du gymnase pour le public à la rentrée se pose. Le nombre de bénéficiaires reste en effet toujours à un niveau élevé, après un "tsunami" au début du confinement. Cependant, même si le nombre de bénéficiaires a augmenté, les communes ont souvent été moins sollicitées qu'elles ne l'imaginaient, grâce à l'émergence d'initiatives citoyennes spontanées, parmi elles : Listes de diffusion entre voisins pour connaître les besoins de chacun, et partager bons plans et difficultés ; Commandes groupées auprès de producteurs locaux pour les soutenir tout en se nourrissant sainement, à l'échelle de la rue ou du quartier ; Soutien alimentaire à des étudiants isolés et en difficulté financière via SOS étudiants ; Portage de repas aux sans-abri par des particuliers avec l'initiative "#PourEux" sur Facebook : des bénévoles cuisinent un repas de plus chez eux et le transmettent à d’autres bénévoles chargés de les livrer lors de maraudes ; Finalement, la période a démontré que malgré les perturbations subies par les réseaux d’aide alimentaire habituels, la mobilisation et la réactivité tant des citoyens que des collectivités a permis de faire face à la croissance du nombre de personnes précarisées. Les communes ont démontré leur rôle central dans cette compétence, notamment grâce à des élus volontaires, à une bonne connaissance du terrain et à la simplification ponctuelle des démarches d’aide sociale (Rio, 2020). Cependant, certains points ne doivent pas être oubliés, en particulier en vue d’une crise économique et de perturbations probables du système alimentaire dans les mois à venir (Greniers d'abondance, 2020 - lien), comme le craignent plusieurs témoins. L’accessibilité à des produits frais, sains et durables (notamment sans suremballage) est encore insuffisante et, comme le souligne une élue rennaise dans son témoignage, « Il ne faut pas que les personnes les plus fragiles ne puissent manger que les "restes" de la société de consommation, ce n'est pas sain, ce n'est pas juste » (voir article d’éclairage). Des partenariats non pas ponctuels mais permanents restent à imaginer avec les producteurs locaux, les cuisines centrales par exemple. Une adaptation rapide des circuits courts La période de confinement a révélé les circuits courts dans toute leur diversité. Les témoignages soulignent quasiment unanimement le succès de ces circuits : plus grande fréquentation des magasins de producteurs avec des paniers-moyens bien plus conséquents, augmentation des demandes d'adhésion pour les AMAP et multiplication du chiffre d'affaire des drives fermiers… Durant la première semaine d'incertitudes concernant les protocoles sanitaires à mettre en place, 40% des appels sur le numéro vert de la Chambre d'agriculture concernaient les circuits courts. Ils ont ensuite rapidement su s'adapter pour faire face à l'augmentation de la demande et à la perturbation de leurs débouchés. L'essor du numérique a été un facteur déterminant pour développer de nouveaux circuits de vente à la ferme ou en collectif, à l'image du comptoir paysan, initiative de drive fermier accélérée par le confinement, avec le soutien de la Chambre d'agriculture, ou de pages Facebook créées spécialement par les producteurs pour organiser les commandes et livraisons. Beaucoup d'entre eux relèvent néanmoins un fort surcroît de travail lié aux précautions sanitaires et la fatigue s'installe au fil du confinement. Certaines communes ont joué un rôle de soutien des circuits courts : Recensement de la situation des exploitations de leur territoire (également fait par Rennes Métropole) : finalement peu de difficultés sont remontées, en dehors de productions spécifiques, jugées non prioritaires (boissons, notamment le cidre, suite à la fermeture des crêperies, cailles, escargots…) et de problèmes de débouchés dus à un manque de diversification (notamment lorsque le seul débouché réside dans les gros marchés rennais) ; Communication via leur site internet ou la feuille municipale, voire relais auprès des correspondants Ouest-France ; Réaffectation de l'espace public pour proposer des espaces de vente directe. Cependant, d'après une enquête d'Agrobio 35 auprès d'agriculteurs bio d'Ille-et-Vilaine (Enquête menée par Agrobio 35 auprès de 63 producteurs, soit 20% des agriculteurs bio en circuit court en Ille-et-Vilaine, disponible ici), seuls 23% d'entre eux estiment que les collectivités locales leur ont apporté une aide. Certaines communes déplorent elles-mêmes un manque de coordination et de communication avec leurs agriculteurs, probablement faute de liens créés en amont de la crise, de temps et de moyens alloués. Par ailleurs, la solidarité citoyenne s'est aussi exercée auprès des producteurs locaux, avec quelques cas de prêt de garage de particuliers pour vendre. Concernant la restauration collective, peu de communes rapportent avoir eu vent de difficultés de la part de leurs producteurs fournisseurs. Le collectif de producteurs Manger Bio 35, qui approvisionne tous types de restaurations hors domicile, abonde en ce sens, arguant que leurs débouchés sont souvent diversifiés et donc plus adaptables. L'augmentation de la demande des particuliers compense globalement l'arrêt des commandes de cantines. En sortie de confinement, les ventes semblent avoir diminué de façon notable, mais restent souvent supérieures au niveau moyen d'avant-confinement. Les marchés de plein vent, à la croisée des enjeux Pilier de la vente en circuits courts, les marchés de plein vent constituent un débouché majeur pour de nombreux producteurs et commerçants locaux. La majorité des 43 communes de Rennes Métropole en dispose d'au moins un, seules 8 de moins de 3000 habitants n'en sont pas dotées, tandis que la ville de Rennes en totalise 17. Cependant, le 24 mars, le gouvernement français annonce la fermeture générale des marchés de plein vent, des dérogations préfectorales pouvant être accordées si des précautions sanitaires suffisantes sont mises en place. Dès lors, les marchés se hissent en tête des priorités de nombreuses communes, qui font rapidement le choix de demander une dérogation, argumentant que l'offre manque à proximité, notamment en frais, que la demande citoyenne est réelle, et que la limitation des déplacements nécessite une offre alimentaire au plus près des lieux de vie. Finalement, parmi les 21 communes ayant répondu à l'enquête et dotées d'un marché, une seule n'a pas demandé de dérogation, proposant à la place des créneaux horaires permettant d'accueillir 2 commerçants à la fois, et une autre a vu sa dérogation refusée car trop tardive. Finalement, ce sont presque 70% des marchés qui ont pu rouvrir, chiffre supérieur à la moyenne de 25% dans une enquête menée auprès de 30 villes et grandes agglomérations françaises (France urbaine, Résolis, Terres en Ville, 2020) et traduisant une forte implication des communes de Rennes Métropole, en particulier des élus qui n'ont pas hésité à participer à l'organisation sur le terrain. Cette réouverture ne se fait pas sans conditions : ils sont limités à 15 commerçants alimentaires et doivent répondre à un protocole sanitaire précis. Les plus gros marchés doivent donc sélectionner finement les commerçants, pour garantir une offre variée, excluant souvent les revendeurs et commerçants non locaux. À Rennes, des points de vente sont autorisés sur l'espace public, en parallèle du marché, sous réserve que les producteurs locaux autorisés gèrent leur communication et fonctionnent par commandes. Les plus petits marchés, moins limités, accueillent parfois certains commerçants ayant perdu des débouchés, de même que certaines petites communes sans marché mettent en place des points de vente à moins de 3 exposants. Les marchés remportent un franc succès, plébiscités pour leur caractère sécurisant (en plein air, où il est plus aisé de garder ses distances), leur proximité et pour soutenir les producteurs locaux. Malheureusement, la règle des 15 commerçants maximum perturbe les habitudes d'achat, et les mesures sanitaires engendrent des files d'attente de plus d'une heure, décourageant de nombreux clients. Par ailleurs, le mécontentement rencontré sur les communes dépourvues de marché durant le confinement montre le caractère crucial de ce mode de distribution, tant pour les commerçants que pour les habitants. Le marché de plein vent est donc au carrefour d'enjeux multiples, que la crise sanitaire a mis en lumière et appelle à envisager des pistes d'amélioration : Le marché permet un approvisionnement en frais et un débouché rentable pour les commerçants, mais il offre aussi un moment de convivialité ; Des marchés réduits aux seuls producteurs locaux sont en moyenne plus chers et empêchent des ménages plus modestes de s'y approvisionner ; La différenciation producteur/revendeur est parfois difficile, d'autant que certains producteurs pratiquent également l'achat-revente, ce qui est autorisé dans certaines limites mais a parfois généré des tensions ; Malgré un gain d'intérêt pour les productions locales et pour les considérations environnementales, les notions "circuit court", "local", "de saison", "frais" prêtent à confusion ; La gestion des déchets est contraignante ; De nouvelles crises pourraient à nouveau perturber le bon déroulement du marché. Conclusion La crise du Covid a bouleversé les habitudes alimentaires des consommateurs, les producteurs locaux et les acteurs de la solidarité alimentaire. Cet événement certes ponctuel a été riche d'enseignements : Les scènes de panique du début du confinement, remarquées par de nombreux témoins y compris à Rennes Métropole, laissent deviner l'importance de l'environnement immédiat d'achat (ces situations n'ont été relevées qu'en grande surface), et laissent penser qu'une éducation à l'alimentation sous l'angle de la sécurité (notamment pour la gestion des stocks) est nécessaire pour aborder de façon plus sereine les crises (Linou, 2019) ; Le lien est vital pour s'adapter rapidement en cas de crise et permet des prises de décision rapides, partagées, concertées et mieux acceptées : en période de crise, les décisions ont été émises de manière descendante depuis l'État jusqu'aux acteurs du territoire, ou alors entre décideurs de façon plus restreinte, pouvant donner lieu à des tensions (cas des marchés). À l'inverse, l'aide alimentaire a pu être adaptée très rapidement grâce à l'interconnaissance de ses acteurs et à une coordination partagée ; L'urgence a parfois occulté certains aspects environnementaux, tels que la gestion des déchets face au manque d'informations sur les consignes sanitaires, ou la qualité des produits fournis à l'aide alimentaires : hors période de crise, un travail à ce niveau est nécessaire ; Les concepts d'alimentation locale, durable et/ou en circuits courts restent encore méconnus et peuvent donner lieu à des confusions (un commerce de proximité n'est pas nécessairement approvisionné en circuit court, ni local, ni durable) ; Pour les collectivités, aborder la question de l'alimentation via la thématique de la restauration collective est nécessaire mais non suffisant : elle constitue un levier mais doit être adaptée en cas de crise, et ne doit pas occulter d'autres problématiques tout aussi importantes, telles que les marchés. Enfin, cette crise sanitaire ne devrait pas être vue comme un événement ponctuel, mais plutôt comme l'occasion de se préparer à d'autres perturbations à venir. Sans verser dans le catastrophisme, de nouvelles crises ne sont pas moins probables que celle à laquelle le monde doit encore faire face aujourd'hui. Les collectivités ont toute leur place à jouer dans l'amélioration de la résilience alimentaire, et cette problématique doit faire partie de leur Projet Alimentaire Territorial. Bibliographie France urbaine, Résolis, Terres en Ville. (2020). Villes et alimentation en période de pandémie : expériences françaises. Récupéré sur France Urbaine : http://franceurbaine.org/publications/villes-et-alimentation-en-periode-de-pandemie-experiences-francaises Greniers d'abondance. (2020, Mai 23). Covid-19 : qui veille au grain pour demain ? L'analyse. Récupéré sur Greniers d'abondance: https://resiliencealimentaire.org/covid-19-qui-veille-au-grain-pour-demain-lanalyse/ Linou, S. (2019). Résilience alimentaire et sécurité nationale. The Book Edition. Rio, N. (2020, Avril 20). Quand l'État gère la crise, les communes doivent assurer la résilience. Récupéré sur La gazette des communes : https://www.lagazettedescommunes.com/674771/quand-letat-gere-la-crise-les-collectivites-doivent-assurer-la-resilience/ RMT Alimentation Locale. (2020). Covid-19 et systèmes alimentaires. Manger au temps du coronavirus. Bulletins de partage. Récupéré sur RMT Alimentation Locale : https://www.rmt-alimentation-locale.org/bulletin-de-partage
- Manger au temps du coronavirus - Retour sur l'enquête
L'enquête "Manger au temps du coronavirus" lancée dès le début du confinement, a permis de témoigner à travers 5 bulletins de partage (https://www.rmt-alimentation-locale.org/bulletin-de-partage) et de nombreux éclairages (https://www.rmt-alimentation-locale.org/eclairages) de l'impact du coronavirus sur nos systèmes alimentaires. Pour faire le point sur les grands enseignements cette enquête, en attendant un bulletin conclusif qui paraîtra début octobre, des membres du collectif de travail "Manger au temps du coronavirus" reviennent en vidéo sur les éléments qui les ont marqués, font le lien avec leurs travaux antérieurs et proposent des recommandations pour la suite. Découvrez les 5 vidéos de retour sur l'enquête : Blaise Berger, consultant au cabinet de conseil coopératif Terralim (http://www.terralim.fr/) témoigne du rôle révélateur de cette crise et de la réactivité des producteurs et des élus locaux. Gilles Maréchal, consultant au cabinet coopératif Terralim, référent circuits courts à la FR CIVAM Bretagne et chercheur associé Espaces et Sociétés ESO-CNRS montre le rôle essentiel de l'alimentation et revient sur les solidarité de crise. Anne-Cécile Brit, animatrice à la FR CIVAM Bretagne, co-animatrice du RMT Alimentation Locale et membre de l'association des Greniers d'Abondance retient la place prépondérante qu'a pris l'alimentation pendant cette crise et son rôle de révélateur des vulnérabilités de nos systèmes alimentaires. Félix Lallemand, docteur en écologie et évolution du Muséum national d’Histoire naturelle, co-fondateur de l’association « Les Greniers d’Abondance » (https://resiliencealimentaire.org/) aborde les enjeux politiques autour de cette crise et présente une voie de résilience : la sécurité sociale alimentaire. Luc Bodiguel, directeur de recherche au CNRS en sociologie et sciences du droit, retient de cette enquête un certain déphasage de l'action centrale et une série de questionnement : quel apport des PAT (Projets Alimentaires Territoriaux) face à la crise ? le droit de l'urgence doit-il forcément être un droit du moins disant écologique ? Les vidéos ont été réalisées par Chloé Adelheim (L'assemblée des noues : http://lassembleedesnoues.fr/) à qui nous adressons tous nos remerciements.
- Éclairage Covid-19 | Témoignages de producteurs et de distributeurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Depuis le début de la crise du COVID-19, les circuits courts alimentaires ont été extrêmement sollicités, mettant en évidence leur force mais aussi leur vulnérabilité. Plusieurs acteurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur partagent leurs retours d’expérience et l’impact de cette période sur leurs activités : Comment ils se sont adaptés, les difficultés auxquelles ils ont dû faire face et comment ils envisagent aujourd’hui de poursuivre ou de réinventer leur activité. Ces témoignages permettent de dégager des pistes de réflexion pour consolider encore davantage ces circuits et construire un système alimentaire plus résilient. Agathe LAURE, professionnelle spécialisée sur les questions de transition alimentaire et agricole, co-anime le collectif ALiMENT (Association libre pour un manger équitable, naturel et territorial) qui regroupe des acteurs de terrain pour apporter leur expertise dans le développement du Projet Alimentaire Territorial (PAT) de la Métropole Aix-Marseille-Provence et du Pays d'Arles. Face à une demande exponentielle pour les produits frais, sains et locaux, les producteurs et distributeurs interrogés ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation pendant le confinement Une explosion de la demande de la part de consommateurs habitués des circuits-courts et de nombreux nouveaux clients Déstabilisés par le bouleversement des circuits courts alimentaires suite au confinement (fermeture des débouchés habituels : restauration collective, restauration hors domicile, hôtellerie, etc.) et contraints par les restrictions sanitaires, les acteurs interrogés ont dû faire face dans l’urgence à une demande très forte de la part des consommateurs. L’épicerie Terre de Potage, à Pierrefeu-du-Var (83), spécialisée dans les produits bio, locaux et le vrac, a ainsi enregistré pendant le confinement des ventes exceptionnelles, en très forte progression par rapport à l’avant confinement. En plus de nos clients habituels, explique Alexandra, en charge de l’épicerie Terre de Potage, nous avons eu énormément de nouveaux clients, qui voulaient soutenir les producteurs, manger plus sainement ou éviter les supermarchés. L’épicerie paysanne ADELE (Association de Distribution Equitable, Locale et Ecoresponsable) à Marseille, a également connu une forte demande, bien supérieure à la normale de l’année précédente, avec de nombreux nouveaux clients. De même, Marion du Réseau des magasins de producteurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Réseau TRAME) témoigne de l’augmentation globale de la demande dans les magasins du réseau qui ont malgré les contraintes sanitaires, maintenu leurs activités et ont vu leur chiffre d’affaire augmenter fortement. Pendant le confinement, si certains magasins ont observé une baisse de fréquentation, ils ont bénéficié d’une augmentation notable du volume moyen des achats, qui ont doublé en moyenne. Cependant elle note que cette hausse a concerné majoritairement les magasins en centre ville. Ceux qui dépendent davantage du tourisme local ont eux connu une baisse importante de leur activité et des difficultés économiques notables. Du côté des Paniers Marseillais (PAMA), association regroupant des associations de quartier à Marseille fonctionnant sur le principe des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), l’augmentation de la demande s’est aussi fait sentir. Pendant le confinement, les adhérents étant déjà abonnés à des paniers hebdomadaires ont pu bénéficier de leurs paniers de fruits et légumes habituels. Mais leur intérêt pour les produits frais hors maraichage (viande, fromage) et les produits d’épicerie a également beaucoup augmenté. Les Paniers Marseillais ont également connu un intérêt grandissant de la part de nouvelles familles, à raison de 500 familles supplémentaires en deux mois, croissance incomparable par rapport aux années précédentes, après une demande en stagnation depuis quelques années. Pour répondre à cette demande soudaine, les Paniers ont vendu des paniers ponctuels et ont généralisé les paniers découvertes mensuels. Le système de parrainage, qui était également peu utilisé, a bien fonctionné pendant cette période. Même si une dynamique ascendante était observée en début d’année, la courbe a été exponentielle pendant le confinement explique Agnès, animatrice des Paniers Marseillais. Les nouvelles formes de distribution et initiatives mises en place dans l’urgence pour répondre à la forte demande ont rencontré un grand succès Les structures interrogées ont été extrêmement réactives face à cette nouvelle demande et ont reconfiguré certains de leurs circuits de distribution. Ainsi, dès la fermeture des marchés, les paysans du marché de la Gavotte (13), marché soutenu par l’ADEAR 13 (Association pour le développement de l’emploi agricole et rural) des Bouches-du-Rhône, se sont ainsi montés en collectif pour proposer un point de retrait aux clients du marché et aux autres clients potentiels. Face au succès de ce format, l’ADEAR, l’a proposé aux sept marchés paysans qu’elle accompagne dans le département. Trois points drive ont ainsi été mis en place, regroupant des paysans de tout le département et des départements limitrophes (Var, Gard, Vaucluse, Alpes de Haute Provence et Hautes Alpes). Les drives ont dans l’ensemble très bien marché, explique Anne de l’ADEAR 13, avec entre 150 à 250 commandes par marché par semaine. Certains paysans ont même fait de meilleurs chiffres d’affaires que lors des marchés Photo @Du marché au palier Pour répondre à la forte demande des consommateurs malgré sa fermeture, le Marché de producteurs de la Joliette à Marseille, a développé un système de livraison à domicile : « Du marché au palier ». Les débuts ont été laborieux explique Chloé, une productrice du marché qui a monté l’initiative, notamment pour la gestion comptable, mais une fois mis en place, les producteurs ont observé d’importants gains de temps et ont été très satisfaits. Cette initiative mise en place dans l’urgence, explique Chloé, a commencé très petit, puis s’est agrandie rapidement face à son succès, en passant d’une trentaine de commandes par semaine à 160 pendant le confinement. Ce système a extrêmement bien fonctionné avec un chiffre d’affaire total de 44 000 euros. De son côté, l’épicerie ADELE a rapidement mis en place un système de paniers d’assortiment de produits de saison en remplacement du libre service. En effet, explique Agnès, directrice de l’épicerie, la taille de l’épicerie ne permettait pas d’accueillir plus de trois clients à la fois avec les mesures sanitaires, ralentissant grandement la circulation. On s’est donc organisé pour permettre de répondre à la demande : un tiers de la boutique a été consacrée à la vente au détail (mais le service opéré par les salariés de l’épicerie) et les deux tiers à la fabrication des paniers. Le chiffre d’affaires de l’épicerie a connu une forte augmentation. Ce double système, explique Agnès, a permis de réduire l'attente des clients, de protéger clients et salariés, de préserver l'équilibre économique de la structure et d’écouler autant de marchandises produites par les paysans. Cela a nécessité un très gros effort d'adaptation pendant 15 jours, mais de 20 paniers par semaine, les ventes sont passées à plus de 50 paniers par jour. La forte demande et la réorganisation rapide de la distribution ont mis en exergue certains points de tension et limites de ces circuits Si les structures interrogées ont fait de beaux chiffres d’affaires, l’offre a été fortement mise en tension et parfois insuffisante pour répondre à l’augmentation soudaine de la demande Dans l’épicerie Terre de Potage, la disponibilité des produits a en effet été mise en tension, surtout pendant les deux premières semaines de confinement alors que la demande était énorme et que la quantité de production supplémentaire n’avait pas pu être anticipée. « La gestion a été nécessairement plus intense et plus compliquée pendant la période de confinement, explique Alexandra, avec des commandes plus importantes auprès des grossistes et des producteurs. Mais avec quelques rééquilibrages, il y a eu une offre de production localesuffisante pour y répondre, et ce, avec une grande diversité de produits. » Pour Marion du réseau TRAME, l’approvisionnement a également pu suivre la demande, notamment grâce à la redirection des productions dédiées aux marchés vers les magasins de producteurs. C’est la fermeture des autres débouchés qui a donc permis de pouvoir répondre à la forte demande. De même au sein des Paniers Marseillais, notamment grâce à deux producteurs qui travaillaient habituellement dans des marchés et ont donc eu d’importants surplus de production. De nouveaux producteurs ont également été accueillis dans les Paniers Marseillais pendant cette période. Leur intégration était en dormance depuis quelque temps, explique Agnès, mais cette crise a été l’opportunité de les intégrer rapidement pour écouler leurs productions et ils ont fait de belles ventes. Par contre, les initiatives de paniers qui ont été lancées ont rencontré un tel succès que le nombre de paniers a dû être limité par la demande. L’initiative Du marché au palier a ainsi dû bloquer le nombre de paniers à vendre. Certains producteurs ont également eu énormément de demande à la ferme, et pas assez de production pour y répondre. Dans l’épicerie ADELE, la demande de paniers a également dépassé largement l’offre disponible. A tel point que certains producteurs, ayant pourtant d’autres débouchés plus directs à leur disposition ont décidé de continuer à assurer l’approvisionnement de l’épicerie par solidarité, explique Agnès. Au début, explique Agnès, l’offre était surabondante par rapport à la demande, puis cela s’est inversé avec la demande grandissante des consommateurs et la mise en place progressive de ventes directes à la ferme par les producteurs. Les initiatives présentées ont rencontré un grand succès au prix d’une charge de travail importante de la part des producteurs, des distributeurs et des nombreux bénévoles sur lesquels reposent certains de ces circuits. Pour les paysans adhérents à l’ADEAR explique Anne, la mise en place de drive et de paniers a été très contraignante en termes d’organisation et a demandé énormément de travail supplémentaire en amont. Ce format était nouveau pour de nombreux paysans explique-elle et il semble que la majorité d’entre eux ont été satisfaits de reprendre le rythme des marchés. Les retours sont similaires auprès des épiceries interrogées, qui décrivent une période épuisante autant physiquement que psychologiquement pour les salariés, mais a été également extrêmement riche et gratifiante. C’est la mobilisation rapide de ses adhérents qui ont permis aux Paniers Marseillais d’adapter les distributions aux contraintes sanitaires, de trouver des locaux dans l’urgence pour la remise des paniers, ou de mettre en place le système de drive, explique Agnès. Cette période a été un véritable booster de mobilisation, redynamisant les forces bénévoles existantes et révélant de nouvelles personnes désireuses de s’impliquer. Pour les Paniers Marseillais, dont les associations adhérentes fonctionnent comme des AMAP, le fonctionnement de la structure et des distributions repose sur les particuliers adhérents, tous bénévoles, à l’exception d’une salariée. Pour Alexandra de l’épicerie Terre de Potage, cette période a également de créer de nouveaux liens et connections avec les habitants. Leur ancrage maillage local fort et leur réseau de bénévoles construit depuis quelques années avec l’association Pierrefeu Terre de Partage leur a également permis de soutenir et relayer de nombreuses actions solidaires comme la préparation et les livraisons de repas et de dons aux personnels de santé et aux personnes les plus précaires. Cette période a également mise en exergue les défis d’organisation qui se posent pour ces structures, notamment pour la logistique et le stockage Aux Paniers Marseillais, le confinement et la demande croissante pour les produits hors maraîchage (non compris dans les paniers hebdomadaires reçus par chaque adhérent), ont été l’opportunité d’expérimenter un nouveau système logistique pour faire parvenir ces produits jusqu’au lieu de distribution. Jusqu’à maintenant, ces produits étaient vendus sous forme de distributions « mutualisées » organisées ponctuellement, avec des commandes passées à l’avance, réunissant sur un même site l’ensemble des producteurs. Pour répondre à la forte demande, la distribution de ces produits a été multipliée et modifiée, avec un système de drive entre les producteurs et les référents de chacun des 30 Paniers Marseillais répartis dans la ville pour récupérer les commandes et les livrer sur leur lieu de distribution habituel du quartier. Grâce à ce système, les producteurs ont vu leur chiffre d’affaires sur ces produits augmenter de manière très importante pendant le confinement (20-22000 euros CA par évènement pour hors maraîchage). Pour Agnès, cette période a renforcé la dynamique de développement des paniers et la réflexion sur la logistique verte du dernier kilomètre, particulièrement problématique pour les circuits courts. Cela a été l’opportunité pour les Paniers Marseillais, explique Agnès, d’améliorer notre système logistique. Ce système s’est révélé plus efficient et plus rapide et a été très apprécié par les adhérents et les producteurs. Agnès de l’épicerie ADELE témoigne également des limites logistiques pour l’approvisionnement des produits. De nouvelles tournées de livraison des produits vers l’épicerie ont été ajoutées, en partenariat avec deux autres épiceries paysannes de la ville avec qui les trajets sont mutualisés. Ce coût dit « du dernier kilomètre » des approvisionnements en ville reste également selon elle, un défi important. Nous avons également été contraints par l’espace disponible de stockage et les capacités de réfrigération, explique Agnès, qui limitent les quantités de produits à écouler. La question de l’approvisionnement et de la logistique pour les épiceries soulève, selon Agnès, notamment l’importance des marchés d’intérêt locaux, qui gagneraient à être développés sur le territoire pour offrir des points de rencontre d’échange de marchandises pour ces circuits. Les adaptations et innovations mises en place par les acteurs mettent également en exergue des pistes de réorganisation, de structuration et d’essaimage des modes de circuits courts La fermeture des débouchés habituels et la situation d’urgence a été l’opportunité de renforcer ou de créer des nouvelles collaborations autour des circuits courts La plupart des témoignages relève une collaboration importante et renouvelée entre les producteurs. Pour Anne de l’ADEAR 13, ces initiatives ont mis en avant une grande solidarité entre les paysans et un véritable travail collectif. Cette période a vu se développer davantage de collaboration entre producteurs et territoires, avec par exemple des agriculteurs du nord de département qui ont mutualisé leurs efforts pour les productions à proposer ou la logistique. Certains acteurs interrogés témoignent également du rôle important des villes dans la mise en place ou non de ces initiatives, avec des exemples de mairies qui ont été très réactives pour accompagner ce processus et notamment autoriser des lieux de retrait. Par exemple explique Anne, lorsqu’elles ont rapidement autorisé que l’espace du marché soit utilisé avec toutes les mesures de gestes barrières. D’autres collectivités ont refusé la mise en place d’un drive et des livraisons ont été organisées à la place. En l’absence de tels lieux, des collaborations avec d’autres acteurs, entreprises ou associatifs se sont également construites. Ainsi Chloé, une productrice qui a aidé à monter l’initiative du Marché au Palier, décrit la collaboration importante qui a eu lieu entre les producteurs, qui sont à l’origine du projet, mais également l’apparition de nouveaux partenariats, qui ont permis de structurer et d’étendre l’initiative. D’un système de gestion des commandes en manuel par les producteurs, a été mis en place un système plus structuré de gestion des stocks, géré directement par un professionnel du domaine, et des livraisons assurées par les trois compagnies de coursiers impliqués. Afin de gérer les commandes de manière plus efficiente, la boutique en ligne de l’association de la Roue put être utilisée et le catalogue en ligne a été créé en un week-end. L’Olympique de Marseille a notamment rejoint l’initiative et le stade Vélodrome a servi de point de distribution pendant plusieurs semaines. Partie de quelques producteurs, et face à son succès, l’initiative s’est progressivement structurée en impliquant de nouveaux acteurs. Grâce a l’intermédiaire de l’association de la Roue, des compagnies de coursier de la ville, notamment Mistral Coursier puis Toutenvélo se sont impliqués. Pour répondre à l’exigence de la gestion du froid, du stockage et des commandes, un autre prestataire, Agilenville, déjà compétent dans ce domaine, a également rejoint l’initiative. Mais certaines initiatives ont été crées de manière spontanée par les consommateurs en créant une collaboration directe avec les producteurs de leur territoire. Comme en témoigne Antoine qui explique comment un groupe de particuliers à Meyrargues (13) a commencé une collaboration avec un maraîcher suite à la fermeture des marchés environnants. Afin de développer une alternative au supermarché voisin et privilégier les achats en direct auprès des producteurs, ils ont contacté un producteur pour organiser des livraisons groupées sur la place du village. Au fur et à mesure du confinement, les habitants impliqués se sont organisés pour assurer des commandes groupées et répartir les commandes en aval, pour éviter la surcharge de travail aux producteurs et préparer les commandes individuelles sur un mode de magasin coopératif explique Antoine. Les expériences recueillies témoignent également du rôle important des réseaux existants, dans la mise en place rapide des adaptations et le rassemblement des acteurs Pour l’initiative Du marché au palier, l’implication de l’association de la Roue, (Monnaie locale complémentaire et citoyenne en Provence – Alpes du Sud), a joué un rôle clef dans sa mise en place et l’implication rapide de nouveaux acteurs. Christelle, membre de l’association la Roue explique ainsi comment les différentes compagnies de coursiers à vélo ont travaillé ensemble autour de ce projet. Notamment afin de regrouper les commandes et d’organiser au mieux les volumes et les points de livraisons pour réduire les coûts et augmenter l’efficience du système. Le large réseau des producteurs du marché de la Joliette a permis notamment de proposer un catalogue de plus de 150 références aux particuliers et une grande variété de produits fermiers de la région ce qui est un atout majeur de l’initiative, souligne Chloé. Pour Christelle, qui a géré l’initiative au sein de la Roue : Les pros du réseau se sont rendus compte que la roue ce n’était pas qu’une monnaie, c’était aussi un réseau d’entraide. Elle facilite les liens et les échanges et permet à certains pro de se faire connaître à droit et à gauche. Aux Paniers Marseillais, cette période a également assise une plus grande collaboration et partage d’information entre les différent Paniers de quartier. Les améliorations logistiques par la mise en place d’un drive hors du centre ville avant la redistribution dans chaque quartier témoigne de la « force du réseau » explique Agnès. Cette période a également permis selon elle de faire vivre cette communauté et de mettre à jour le fort sentiment d’appartenance qui s’y attache. D’autant plus que les Paniers Marseillais regroupent en tout près de 1400 familles et une cinquantaine de producteurs. L’intérêt de ce réseau, rappelle-t-elle, c’est d’offrir une plus grande diversité de produits (près de 350 références produit maraîchers, frais et d’épicerie), pour fédérer les commandes et permettre à davantage de producteurs de les rejoindre. Le réseau TRAME de magasins de producteurs a également appuyé les producteurs en diffusant des conseils et informations aux magasins pour s’adapter aux contraintes sanitaires et en organisant des commandes groupées, de gels hydro-alcooliques et de masques notamment. Les bouleversements des débouchés ont également questionné les acteurs sur les différents modèles économiques et d’organisation du travail pour la vente en circuit court. Cette période, qui a permis un temps d’expérimentation particulier, a également entraîné des changements dans les approches de ventes et de distribution des produits notamment pour les producteurs. Pour Chloé, le succès d’une initiative du Marché au palier est un exemple de modèle parmi une multitude de possibles, qui dépend de nombreux facteurs, comme la situation des producteurs et de la diversité de leurs débouchés, la localisation, la demande ou les contraintes logistiques. Elle explique par exemple que beaucoup de producteurs qui ont participé à l’initiative étaient ceux qui étaient le plus mis en difficulté par la fermeture des marchés, par rapport à ceux qui avait déjà en place des débouchés auprès d’AMAP, de vente à la ferme ou en épicerie. Maintenant que l’on est déconfiné et que les marchés et restaurants ont repris leurs activités, explique-t-elle, il faut reprendre ses marques et se réorganiser en fonction des différents circuits de distribution possibles et cela n’est pas toujours évident. Le marché semble avoir repris avec succès, avec une demande qui demeure forte. Pour elle, il est essentiel que les gens reviennent au marché, ce contact et ces échanges avec les clients sont tellement important. D’autres producteurs ont arrêté les marchés pour essayer un autre type de distribution, testée pendant le confinement, qui sera plus adapté à leur situation. De même, Agnès donne l’exemple de certains producteurs des Paniers Marseillais, pour qui l’écoulement de la production à travers les Paniers a été tellement intéressant (ventes assurées, gain de temps de vente) qu’ils augmentent aujourd’hui la part de leurs produits à distribuer au travers de ce système et réduisent le nombre de marchés. La gestion des stocks et les aspects comptables peuvent être laborieuses au début mais une fois mis en place, certains producteurs sont très demandeurs explique Agnès. Anne de l’ADEAR 13 explique que pour quelques paysans, cela a été l’opportunité de développer d’autres circuits de commercialisation plus proches de chez eux et de réfléchir à une nouvelle organisation de leur travail, et n’ont donc pas repris les marchés. Comme des initiatives de vente à la ferme en direct, ou à plusieurs producteurs, ou des regroupements de livraison à domicile. Cependant, elle note que la grande majorité ont repris les marchés. Les outils numériques coopératifs, tels que cagette.net (logiciel libre qui permet de faciliter la vente directe de produits entre producteurs et consommateurs au travers de groupements d’achat), ont été également rapidement intégrés par certains acteurs afin d’augmenter l’efficacité de la gestion des commandes, notamment les drives paysans soutenus par l’ADEAR et les particuliers qui se sont organisés dans la commune de Meyrargues. Depuis, explique Antoine, cela a ravivé la discussion de développer sur la commune une "plateforme paysanne" et a permis de mobiliser encore davantage sur le sujet. Si de nombreux circuits ont retrouvé leur fonctionnement habituel, certaines initiatives expérimentées pendant le confinement se pérennisent et font l’objet de discussion au sein des acteurs pour leur structuration potentielle à terme. Dans l’épicerie Terre de Potage, la possibilité de livraisons à domicile pour les personnes ne pouvant pas se déplacer restent possibles dans la localité, avec un nouveau service de livraison à vélo avec remorque. L’épicerie paysanne ADELE a également décidé de maintenir cette option de panier de saison, en plus du retour du libre-service dans l’épicerie. Les drives soutenus par l’ADEAR par contre ont à nouveau laissé la place aux marchés. Il n’est pour l’instant pas d’actualité de les pérenniser explique Anne, à moins qu’il y ait une demande de la part des producteurs. L’initiative Du marché au palier s’est poursuivie après la fin du confinement pour répondre à la demande encore soutenue de certains quartiers et à l’intérêt de plusieurs producteurs. La demande, demeure en effet, même si elle a diminué, alors même que le marché de la Joliette est à nouveau ouvert, et qu’il voit le nombre de ses clients augmenter par rapport à l’avant confinement. Aujourd’hui, il est donc envisagé de pérenniser l’initiative pour ces quartiers et d’identifier un point de retrait fixe pour la distribution aux particuliers. Les producteurs envisagent également de s’adresser aux professionnels de la restauration et un site pour les professionnels est en construction. Ce qui s’est passé pendant le confinement, c’était exceptionnel, note Chloé. Le système Du marché au palier a une belle offre et la demande y est, donc il est important de continuer. Les gens ont découvert des produits et cette crise a créé un déclic face au manque de circuits courts dans certains quartiers, notamment au sud de la ville. De même, le système de drive et de redistribution mutualisée des produits non maraîchers testé pendant le confinement par les Paniers Marseillais, va aujourd’hui être conservé tout en gardant des évènements type marchés pour permettre la rencontre avec les producteurs et les faire découvrir à de potentiels nouveaux clients. Au sein des Paniers Marseillais, la réflexion sur un système logistique viable pour les adhérents et les producteurs est très présente depuis trois ans et le système de drive mutualisé mis en place pendant la crise répond en partie à cette problématique. L’afflux de nouveaux consommateurs vers les circuits courts s’est ralentie après le confinement, même si l’intérêt reste fort, et soulève l’importance de la sensibilisation et la fidélisation de ces nouveaux clients Dans l’épicerie Terre de Potage, quelques mois après le déconfinement, l’activité n’est pas aussi intense, également due au fait que le marché paysan hebdomadaire a réouvert, mais de nombreux nouveaux clients ont été fidélisés et ont changé leurs habitudes et la demande reste forte selon Alexandra. Les chiffres ne sont pas au niveau du pic de consommation au cœur du confinement mais cependant supérieurs aux années précédentes. Cette tendance pourra être confirmée ou non en hiver, selon elle, lorsque le marché paysan sera fermé. De même, pour l’épicerie ADELE, où la demande a certes baissé après le déconfinement, l’intérêt des clients demeure. « On observe de plus en plus de demandes sur les épiceries paysannes et cet épisode a renforcé la tendance note Agnès. Une raison supplémentaire de soutenir l’émergence d’épiceries paysannes en ville. » Aux Paniers Marseillais, environ une centaine des nouvelles familles ayant acheté des paniers pendant le confinement sont devenus adhérents (sur 500 familles qui avaient acheté des paniers pendant le confinement). Mais pour Agnès, cette période très particulière a surtout été l’opportunité de toucher des personnes qui n’étaient pas nécessairement familières avec l’agriculture paysanne. « J’ai vraiment foi dans le circuit court et je pense qu’aujourd’hui cette crise a permis aux personnes qui jusqu’à présent étaient en réflexion, de passer en mouvement. Bien sûr on va perdre des familles, mais ce shift, ce qui s’est passé là, ça n’a pas de prix. Les familles ont vécu cette expérience, ont goûté les produits, ont rencontré les producteurs. C’est un premier déclic qui peut porter ses fruits sur le moyen terme. L’enjeu pour nous aujourd’hui va être de pérenniser ces gens là. D’où l’importance de poursuivre les efforts d’information et de sensibilisation de tous les acteurs » C’est d’ailleurs pour sensibiliser davantage que les Paniers Marseillais ont créé pendant le confinement un outil pédagogique. Développé dans l’urgence pendant le confinement, l’équipe est maintenant en train de travailler sur une version plus aboutie pour l’utiliser comme outil pédagogique à part entière dans chacune des associations adhérentes : pour expliquer l’approche d’une AMAP, de l’agriculture paysanne, de l’importance de consommer sain et local. Avec l’explosion des demandes des paniers découvertes au mois (4 paniers hebdomadaires) pendant le confinement, ces paniers vont également être généralisés. Si ces paniers ne permettent pas un engagement des familles propre au fonctionnement d’une AMAP, ils constituent un outil de sensibilisation et de découverte très important selon Agnès, et ont l’avantage d’attirer un nouveau public et de lui faire découvrir la démarche. La question du prix a également été soulevé par plusieurs acteurs. Pour Chloé, productrice, la question est aujourd’hui de savoir si les gens sont prêts et en capacité à mettre de l’argent dans une alimentation de qualité, alors qu’on a été habitué à des prix particulièrement bas. Les professionnels selon elle sont donc amenés à s’adapter et se positionner pour se rendre accessibles et attractifs. La sensibilisation des consommateurs et la représentation mentale du prix d’un produit est un enjeu important, ajoute Christelle, pour les circuits qui visent à proposer des produits de qualité et à garantir une rémunération juste pour les producteurs. La résilience de ces circuits en question : pistes de réflexion pour poursuivre leur consolidation. Il ressort de ces témoignages, bien qu’ils ne représentent que l’expérience des structures concernées et ne peuvent constituer une généralité, que ces circuits ont traversé une période particulièrement riche. Cette crise a mis en lumière l’intérêt fort des consommateurs pour ces circuits et la grande capacité d’adaptation de ses acteurs. Les mois qui suivront permettront d’observer la tendance à moyen terme et d’établir si cette période a été un réel accélérateur pour les circuits courts et leur essaimage à travers le territoire. Ces retours d’expérience soulèvent également des contraintes communes. La surcharge de travail et la pression exercée sur les producteurs et tous les acteurs interrogés met en lumière l’enjeu important des ressources humaines dans ces circuits. Le métier d’agriculteur se pose dans ces exemples de façon de plus en plus complexe avec un l’arbitrage nécessaire entre le temps consacré à la production et celui consacré à la vente ou à la distribution. La dépendance de certaines structures à des forces bénévoles est également importante dans ces exemples. Tous témoignent d’une mise en tension importante de l’offre, partiellement compensée par la réduction des produits dont les débouchés ont été fermés. Ces observations posent la question de la connexion entre les différents débouchés et territoires mais aussi de la quantité suffisante d’une production locale et de qualité, sous-tendus par les questions d’artificialisation des terres agricoles et de la transmission des exploitations. L’importance des défis logistiques soulevés par les acteurs interrogés pose également la question de la dépendance de ces circuits au pétrole et des enjeux de diminution des gaz à effet de serre. Ces expériences font également écho à la question de la résilience des systèmes alimentaires, qui peut se définir comme la capacité d’un système alimentaire et de ses éléments constitutifs à garantir la sécurité alimentaire au cours du temps, malgré des perturbations variées et non prévues[1]. L’association des Greniers d’Abondance identifie différents critères de résilience appliquée aux systèmes alimentaires notamment : 1) La diversité (des productions, des variétés, des acteurs et de leurs interactions) pour permettre une plus grande adaptabilité lorsque le contexte évolue ; 2) l’autonomie du territoire, soit le fait de disposer localement des facteurs de production et de commercialisation pour subvenir aux besoins de base de ses habitants ; 3) la modularité et la connectivité du système fonctionnant par unités relativement autonomes mais pouvant se soutenir mutuellement ; 4) la redondance ou le fait qu’une même fonction soit assurée par plusieurs éléments du système ; et 5) la cohésion des acteurs qui facilite la solidarité, l’implication collective, les prises de décision, la flexibilité des interactions, le développement d’alternatives et l’évolution du système. La force mobilisatrice des circuits interrogés, la capacité d’adaptation et la diversité des initiatives lancées, la diversité des productions, la réactivité et l’inventivité des projets, l‘ancrage local, la cohésion et la solidarité entre différents maillons de la chaîne et l’apparition de nouvelles collaborations et acteurs, sont autant d’éléments qui s’inscrivent dans les caractéristiques de résilience et renforcent l’importance de développer encore davantage les circuits courts pour renforcer nos systèmes alimentaires. Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT), en tant qu’outil de planification, de connaissance et de mise en réseau, offrent une opportunité majeure aux territoires, s’ils sont accompagnés d’une réelle volonté politique, de transformer en profondeur nos systèmes alimentaires et agricoles pour permettre une alimentation équitable, naturelle et territoriale pour tous. Le PAT des Bouches-du-Rhone, co-piloté par la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d'Arles est ainsi en cours développement. [1] Les Greniers d’abondance « Vers la résilience alimentaire. Faire face aux menaces globales à l'échelle des territoires », février 2020 Télécharger cet éclairage












